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le Mardi 17 septembre 2019 20:39 Actualités

Retour d’un jésuite à la tête de l’Université de Sudbury

Le père John Meehan, S.J., Ph. D — Photo : Courtoisie
Le père John Meehan, S.J., Ph. D
Photo : Courtoisie
L’Université de Sudbury a choisi le père John Meehan, S.J., Ph. D, comme nouveau recteur. Le père jésuite approche ce retour aux sources — l’université a été fondée par cet ordre, mais n’a pas eu de jésuites à sa tête depuis 20 ans — avec une vision de réconciliation propre au XXIe siècle. Il entrera en poste le 12 septembre.

Il perçoit déjà l’Université de Sudbury comme un microcosme représentatif de la réalité canadienne en raison de la cohabitation entre les anglophones, les francophones, les Premières Nations et les immigrants. «La chance de promouvoir la réconciliation et bâtir des ponts entre ces communautés-là, ça m’intéresse beaucoup.»

«Je sais que l’Université de Sudbury a eu un des premiers programmes en études autochtones au Canada, poursuit-il, et il y a beaucoup d’étudiants autochtones aussi, alors je crois que l’université est bien positionnée pour promouvoir cette réconciliation.»

Son contrat comprend le besoin d’apprendre une langue autochtone et il a très hâte de commencer à apprendre l’ojibwé — il avait commencé à apprendre le cri lorsqu’il était en Saskatchewan.

«C’est une forme de respect, car les langues autochtones sont en train de disparaitre et juste de parler quelques mots, de faire un effort, je crois que c’est très important.»

— Le père John Meehan, S.J., Ph. D

Retour aux origines

Le père Meehan remplace Sophie Bouffard, qui occupait le poste depuis 2016; on passe donc d’une femme à un religieux. Est-ce un retour en arrière ou un retour aux sources? Le principal intéressé préfère le deuxième choix.

«L’enseignement jésuite a beaucoup évolué depuis 1913», souligne-t-il, ajoutant que l’enseignement dans les universités jésuites du monde est basé sur les valeurs jésuites, mais qu’il n’est pas nécessaire d’être catholique pour les vivre. L’idée est plutôt de «transformer la personne afin qu’elle puisse transformer la société, pour que la société soit plus juste.»

Toutes les œuvres actuelles des jésuites font la promotion de la réconciliation à trois niveaux, explique-t-il. «D’abord avec le créateur, donc tout ce qui est spirituel, entre les êtres humains et avec la création elle-même, avec la terre.» Il précise que la réconciliation entre les peuples, les cultures et les religions est incluse dans la définition.

Trois objectifs

Il approche son nouveau rôle avec trois objectifs en tête.

La réconciliation est le premier, surtout en misant sur le rôle important que l’Université de Sudbury a joué auprès des Franco-Ontariens — on y a entre autres hissé le premier drapeau vert et blanc — et des autochtones.

Il espère également que son expérience et ses contacts partout dans le monde permettront de créer des liens qui feront rayonner l’Université de Sudbury aux niveaux local, national et international. Il compte entre autres sur le réseau de 200 universités jésuites dans le monde. «Je crois que ces réseaux internationaux pourraient aider non seulement l’Université de Sudbury, mais la Laurentienne aussi et la ville de Sudbury», avance-t-il.

Il veut finalement redonner ses lettres de noblesse aux arts libéraux — la langue, la rhétorique, les mathématiques et la musique en font partie. «Surtout dans une époque où les gens se questionnent sur la valeur des arts libéraux», et redonner une valeur à l’enseignement supérieur dans un contexte où les universités font face à des coupures. «De démontrer que l’Université a un rôle à jouer dans la communauté, mais aussi pour améliorer la société.»

Feuille de route

Le père John Meehan est né à Antigonish en Nouvelle-Écosse. Il parle l’anglais, le français, le russe et le japonais en plus d’avoir des notions de trois autres langues. Il détient un baccalauréat ès arts (McGill), un diplôme en théologie (Oxford), une maitrise en relations internationales, une M.Th./S.T.B. et un doctorat en histoire.

Il est chercheur, auteur, conférencier et rédacteur, il a travaillé avec les autochtones de la Saskatchewan, avec de jeunes membres de gang et les immigrants. Il quitte l’Université McGill où il était préfet de l’Église du Gesù et directeur par intérim du Newman Center.