Des accommodements sont en place et d’autres à l’étude, mais la situation complique la vie des étudiantes qui sont intéressées par ce parcours.
Le Voyageur a été contacté par trois étudiantes — Kaitlyn Brisebois, Josée Wahamaa et Emily Ménard — qui auraient voulu suivre l’Option 3, mais qui ont frappé un mur au moment de s’inscrire en ligne : l’option n’y était plus.
Après avoir cherché à comprendre ce qui se passait, elles ont finalement eu la confirmation que l’Option 3 était suspendue, qu’elles pouvaient s’inscrire à l’Option 2 (qui permet d’enseigner de la 4e à la 10e année) et compléter plus tard une formation équivalente à l’Option 3. Ce qu’elles n’apprécient pas de cette solution, c’est la perspective de devoir payer encore et ajouter des semaines à leur éducation, alors que leur plan original leur aurait permis de terminer après six années d’étude.
La doyenne de la faculté d’éducation, Lace Marie Brogden, reconnait que la situation n’est pas idéale, mais que le département essaie d’accommoder autant que possible les étudiants.
Si l’Option 3 a été suspendue, c’est parce que l’École des Sciences de l’Éducation «a reçu l’invitation [de l’Université] de remanier ses programmes, chose qui est toujours en cours», précise Mme Brogden. Tant qu’il n’y aura pas de plan d’adopter, la situation restera. Elle dévoile que seulement neuf étudiants ont démontré un intérêt pour cette Option, alors que les Options 1 et 2 débordent.
«Nous sommes en train de travailler avec le bureau des affaires francophones afin de voir ce que l’on peut faire pour créer une option pour les gens qui seraient qualifiés et qui n’ont pas pu s’inscrire à l’Option 3 cette année», indique la doyenne. Cette option serait effectivement une formation de 6 semaines supplémentaires auprès de la Laurentienne après avoir terminé et réussi l’Option 2. La doyenne ajoute qu’ils aimeraient pouvoir l’offrir sans frais supplémentaires, mais c’est à confirmer.
Elle suggère que les finissants ont également le choix de commencer à travailler et peuvent compléter la formation de base plus tard «au moment où ils ont le besoin ou l’intérêt de le faire», tout en concédant que c’est un chemin plus compliqué.
Transformation
Ce n’est pas un défi qui est unique à la Laurentienne. Cela remonte à certaines décisions qui ont été prises par le gouvernement vis-à-vis le financement, mais aussi la transformation de l’offre, qui fait en sorte qu’il y a moins d’étudiants qui sont qualifiés pour l’Option 3
L’Université d’Ottawa — la seule autre université qui forme des enseignants francophones — a aussi suspendue ou mis fin à plusieurs de ses profils d’Option 3.
Les critères pour être admissible à l’Option 3 sont plus exigeants, ce qui explique en partie le plus petit nombre de demandes. Les étudiants étrangers qui viennent au Canada se qualifient rarement pour cette option, dévoile Mme Brogden.
Kaitlyn, Josée et Emily ne pourraient pas faire le transfert à Ottawa, justement parce que la Géographie — qu’elles ont toutes trois prise comme matière à enseigner — est l’une des matières annulées par Ottawa. De toute façon, elle désirent rester dans leur région. «En français, c’est seulement à la Laurentienne» qu’elles peuvent terminer leur formation, note Josée Wahamaa.
Les trois étudiantes regrettent surtout le manque de communication. Elles ont de la difficulté à obtenir de l’information malgré une douzaine de courriels envoyée. Elles ont également remarqué que l’Option 3 n’est pas disparue de certaines parties du site internet et qu’elle est encore présentée aux élèves du secondaire qui regardent du côté d’une carrière en éducation.
Les transformations du baccalauréat sont déjà commencées à l’Université Laurentienne. Mme Brogden annonce qu’ils lanceront l’an prochain un parcours académique concomitant. Celui-ci permettra aux étudiants de faire les deux baccalauréats nécessaires pour l’Option 2 en cinq années au lieu de six.
Si cette nouvelle façon de faire devient assez populaire, elle croit que ce sera l’occasion d’étudier une Option 3 concomitante.
Pénurie
La pénurie d’enseignants francophones est déjà bien documentée et «c’est surtout en 11e et en 12e qu’il y a des jobs aussi», avance Kaitlyn Brisebois. Josée Wahamaa vise ce niveau parce que «je trouve que tu as vraiment un impact sur les jeunes à cet âge-là».
La perte d’une ou plusieurs cohortes aurait-elle des chances d’empirer la pénurie? Mme Brogden en doute, puisque dans les écoles secondaires francophones qu’elle connait, les enseignants ont rarement des cours seulement en 11e et 12e année.