À Elliot Lake, comme dans plusieurs autres villes et villages de la province, les bibliothèques scolaires se transforment. En général, le nombre de livres et d’ouvrages de référence diminue tandis que les ordinateurs, les tablettes électroniques et les tableaux interactifs occupent une plus grande place. Là où il y avait des rangées d’étagères remplies de bouquins, on voit apparaitre de plus en plus des espaces de jeux et des aires de détente.
À l’École secondaire Villa française des Jeunes d’Elliot Lake, Francine Vaillancourt a été témoin de ces changements. Responsable de la bibliothèque scolaire depuis 2007, elle a vu l’espace accordé aux livres et aux manuels scolaires diminuer de moitié.
Mme Vaillancourt constate que les élèves viennent de moins en moins la voir pour emprunter des livres. Ils préfèrent, selon elle, se servir de leurs téléphones cellulaires pour faire des recherches sur Google. «Les élèves ne veulent pas lire des livres», constate la bibliothécaire.

Pourtant, les scientifiques sont de plus en plus nombreux à dire qu’une surexposition aux appareils électroniques nuit au développement des cerveaux des jeunes. Mais comme le déplore Francine Vaillancourt, «les élèves ne prennent pas en compte ces avertissements». La préférence de ces derniers pour les appareils électroniques expliquerait, selon elle, la grande quantité d’ordinateurs et de tablettes électroniques dans les bibliothèques des écoles.
Un autre grand changement, c’est la disparition des vieilles collections de bandes dessinées francophones, comme Astérix ou Lucky Luke. Les gestionnaires les remplacent très souvent par des séries comme Garfield, une situation qui ne plait pas à Francine Vaillancourt. «On aurait dû garder les vieux livres, estime-t-elle. J’en ai gardé beaucoup. On m’avait dit d’en jeter plusieurs. J’en ai jeté, mais les classiques, je les ai gardés.»
Les bibliothèques scolaires de 2020 sont-elles meilleures que celles d’autrefois? Pas selon Francine Vaillancourt. «Je ne dirais pas qu’elles sont meilleures […] La technologie a changé beaucoup de choses. Ce que je trouve triste, c’est qu’il n’y a pas beaucoup d’élèves qui empruntent des livres. La lecture… des fois, quand tu vois quelque chose sur internet, ça rentre dans ta tête, mais si tu l’as lu, ça reste plus longtemps.»
Si la tendance se maintient, Mme Vaillancourt va jusqu’à dire que les bibliothèques pourraient disparaitre des écoles. «C’est triste à dire, mais il n’y en aura plus bientôt [de bibliothèques scolaires] parce que les élèves ne s’en servent pas.»