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le Vendredi 17 avril 2020 17:49 Politique

Le travail des députés en temps de crise

Le député fédéral Marc Serré et la députée provinciale France Gélinas — Photos : Archives
Le député fédéral Marc Serré et la députée provinciale France Gélinas
Photos : Archives
Changement à l'emploi du temps — Encore de la place à la critique?

Tous les types d’emplois sont touchés d’une façon ou d’une autre par la pandémie de la COVID-19. Pour ceux qui ont encore un travail, il y a de bonnes chances que leur routine soit bien différente. C’est justement le cas des députés, qui doivent répondre à un flux de questions encore plus important qu’à l’habitude.

Les députés de la circonscription de Nickel Belt, Marc Serré au fédéral et France Gélinas au provincial, travaillent principalement de la maison en ce moment. Si leur travail est à la base le même qu’avant la crise — aider et représenter leurs électeurs —, la routine n’est plus la même.

Au cours des dernières semaines, Marc Serré et son équipe ont passé la majorité de leur temps à répondre aux questions des citoyens de Nickel Belt. Sans surprise, elles concernent surtout les mesures d’aide du gouvernement : comment y avoir accès, est-ce qu’on se qualifie, etc.

«Le matin, je fais beaucoup de lecture, parce que les choses changent tellement rapidement», confie M. Serré. Il y a ensuite des conférences téléphoniques avec des entreprises ou avec les maires de son comté afin de connaitre leurs besoins et pour leur transmettre des informations.

Les questions arrivent par téléphone et par les réseaux sociaux, elles viennent de citoyens et d’entreprises. Parfois, il faut aider un centre de soins pour personnes handicapées à trouver une épicerie qui leur vendra plus de deux items à la fois afin de nourrir leur vingtaine de résidents. À d’autres occasions, c’est d’aider le Collège Boréal à distribuer son inventaire de matériel médical.

Même si elle est députée de l’opposition officielle, France Gélinas doit elle aussi répondre à une grande quantité de questions sur la COVID-19 et sur les mesures du gouvernement provincial. «On est un bureau qui a toujours été très occupé. Là, je dirais que c’est au moins cinq fois plus occupé, des fois dix fois plus occupé.»

Elle a entre autres dû aider une personne de Gogama qui revenait de voyage à trouver le bon endroit pour être testée pour la COVID-19. «Elle appelle le service de santé publique de Timmins parce que c’est plus proche, mais on lui dit : “Non, vous êtes dans Sudbury”. Elle appelle à Sudbury, on lui dit : “Appelle Chapleau”. Chapleau leur dit : «Non, tu dois appeler Timmins”.» Finalement, grâce à l’intervention de Mme Gélinas, il y a une entente pour que les résidents de Gogama et de Mattagami soient évalués par le Bureau de santé publique Porcupine, même s’ils sont sur le territoire de celui de Sudbury.

«Comme une agence de voyages»

Dans les premiers jours de la pandémie, Marc Serré dit qu’il se sentait «comme une agence de voyages». «On avait plusieurs personnes prises en France, en Australie, au Panama, au Pérou, en Inde», en Floride… Son équipe a donc aidé plusieurs personnes de la région à revenir à la maison. Malheureusement, il y en a certains, comme des employés des entreprises minières au Vénézuéla, qui sont encore coincés loin de chez eux.

Ces premiers demandeurs étaient certainement stressés, mais le niveau d’anxiété n’a pas énormément diminué selon M. Serré. «C’est difficile pour le personnel et moi dans certains cas, parce que les gens qui appellent ont tellement d’anxiété, ils sont tellement inquiets. Il y en a qui ont perdu leur emploi et ne peuvent pas payer leur loyer. Il y a toujours ces cas-là au cours de l’année […], mais là, il y a un niveau d’anxiété plus élevé, aussi pour les entreprises qui ont peur de fermer leurs portes. On tente de rassurer les gens. Notre économie était bonne avant.»

Encore de la place pour l’opposition?

En Ontario, une vieille loi de 1875 oblige l’Assemblée législative à se réunir uniquement en personne. Donc pas de vidéoconférence — une option explorée par le fédéral. «Il va y avoir une session [le 15 avril], mais il va y avoir un maximum de 25 personnes dans la chambre pour avoir deux mètres de distance entre chacun des députés», rapporte France Gélinas. Cette séance servira à permettre au gouvernement, s’il le demande, de prolonger les mesures d’urgence au-delà d’un mois.

Est-ce qu’il reste de l’espace de manœuvre pour que le parti de l’opposition officielle fasse son travail de chien de garde du gouvernement pendant cette situation exceptionnelle? Oui, tranche la députée Gélinas.

Il n’y a rien à dire sur les décisions prises par la santé publique : «ce n’est pas de la politique, c’est basé sur la science et la santé». Mais ils peuvent tout de même scruter les interprétations et les actions du gouvernement pour les mettre en place. «Il y a quand même de la place pour des suggestions positives pour que ce soit plus inclusif, s’assurer que peut importe où tu es en Ontario, ces décisions-là ont du bon sens», explique-t-elle.

Elle donne l’exemple du retrait des frais de stationnement des hôpitaux, une suggestion du Nouveau parti démocratique (NPD) qui est de plus en plus adoptée par les établissements de la province, dont Horizon Santé Nord la semaine dernière.

Elle prévient que le NPD commencera à demander de plus en plus de mesures positives à mesure que l’on verra la fin du confinement approcher. Surtout pour aider les petites entreprises, qui ont été parmi les plus éprouvées par une situation qu’elles n’ont pas provoquée.