La génération sandwich est la génération qui s’occupe de leurs parents en même temps que de leurs enfants et petits-enfants. C’est-à-dire une génération «qui se sent coincée entre les exigences des soins à prodiguer à leurs parents vieillissants et à leurs propres enfants». (Génération sandwich, p.8)
Génération sandwich (Éditions L’Interligne, 2020) est le nouveau roman de l’autrice de Kapuskasing, Hélène Koscielniak, et se concentre sur le personnage Lianne, qui doit s’occuper de son père Dominique qui est atteint d’Alzheimer et de démence ainsi que de sa petite-fille Lily, qui a décidé de dévoiler à toute sa famille qu’elle est en fait un garçon et qu’il veut maintenant qu’on le nomme Liam.
Lianne est donc véritablement prise entre l’arbre et l’écorce où, d’un côté, ses frères aimeraient placer leur père dans un foyer pour personnes âgées alors qu’elle préfère qu’il puisse rester à la maison dans un environnement que Dominique connait. De l’autre côté, elle doit s’occuper de son petit-fils qui n’est pas accepté par ses parents et décide d’emménager chez sa grand-mère. Lianne doit donc intervenir et choisir un parti à prendre entre sa fille et son petit-fils.
Afin d’aider le lecteur à bien comprendre ce que signifie le terme «génération sandwich», l’autrice a choisi d’inclure un article en début de roman afin de le définir. De cette façon, le sujet du roman est offert et bien décrit dès la première page.
Lors d’une entrevue que l’autrice nous a accordée, celle-ci dévoile que cet article ne lui a pas servi d’inspiration, mais qu’elle l’a plutôt trouvé pendant qu’elle écrivait Génération sandwich. La plupart des gens avec lesquels elle parlait de son nouveau livre «ne connaissait pas cette expression-là et que si je choisissais un titre pour un livre et que les gens n’ont aucune idée à quoi ça fait référence, [ce serait] mieux de donner cette explication-là au début».
À la différence de tous les autres romans d’Hélène Koscielniak, Génération sandwich n’est pas divisé en chapitre. Le roman est divisé en fonction du point de vue des personnages. On a donc accès aux points de vue de l’ensemble de la famille de Lianne et, même, à la conscience de Lianne, qu’elle appelle Miss Culpa, une fois (p. 98).
Hélène Koscielniak affirme à ce propos que «ce n’est pas un choix conscient que j’ai fait». Elle était rendue au milieu du livre lorsqu’elle s’en est rendu compte et que cela est dû au sujet du roman. Elle ajoute aussi que «tout le monde a un point de vue différent; tout le monde peut regarder un incident ou une situation, puis à cause de l’âge ou de l’expérience de vie, on ne voit pas la chose de la même façon et probablement qu’inconsciemment, je voulais donner le point de vue de Lily, de Liam, de Lianne et de ses frères».
Ce style d’écriture donne à l’ensemble du roman un brin d’originalité que l’on ne retrouve pas souvent dans les romans aujourd’hui. On a donc accès aux pensées d’une famille entière sur plusieurs conflits et enjeux familiaux.
Le seul bémol associé à ce style est le fait qu’il arrive que le point de vue d’un personnage se mélange avec celui d’un autre personnage présent dans la scène. Par exemple, lors d’une conversation entre Liam et Lianne (p.75-79), il arrive que le point de vue de Liam devienne celui de Lianne et vice-versa.
De nombreux thèmes et aspects du roman se penchent sur des sujets plutôt lourds, comme la question identitaire (transsexualité), la violence conjugale, les maladies associées à la vieillesse (Alzheimer, démence, maladie de Parkinson), le secret de famille et ainsi de suite. Cependant, le thème principal du roman est celui du proche aidant. Dans ce roman, c’est Lianne qui s’occupe de son père à titre de proche aidant à domicile puis, afin d’aider et de réduire la tâche qui lui revient, elle engage Colette puis Anita, mais aucune des deux ne convient à Dominique.
Bien que ce soit un livre qui semble s’adresser davantage à un lectorat plus âgé, ce livre pourrait également intéresser ceux qui aiment les thèmes liés entre autres à l’identité.
Un livre bien construit, des personnages attachants et extrêmement réalistes, des conflits et situations de tous les jours que nous avons un jour connus. Bref, Génération sandwich est un magnifique roman qui mérite de se retrouver sur les étagères de vos bibliothèques.