Originaire de Toronto, je suis accoutumée aux grandes rues et au mélange de cultures de la grande ville. À chaque coin de rue, on peut y voir des citoyens de divers horizons culturels venus en cette ville florissante pour vivre, prospérer et étudier, Toronto ayant une collection exubérante d’universités et de collèges. Est-ce que Toronto a vraiment besoin de plus d’institutions scolaires?
L’Université de l’Ontario français (UOF) aimerait commencer dès septembre 2021 à accepter des étudiants francophones venus de partout. La province de l’Ontario estime que près de 290 000 élèves seront alors à la recherche d’une institution postsecondaire où étudier en français dans le Sud-Est de l’Ontario au cours des prochaines années.
Néanmoins, le coin de la rue Lower Jarvis, en plein milieu du centre-ville de Toronto, n’est selon moi pas l’emplacement idéal pour une nouvelle université francophone. Il y a déjà un éventail de possibilités dans le Sud de l’Ontario pour étudier au postsecondaire et pour toutes les raisons énumérées ci-dessous, je crois que cette université ferait mieux de s’installer au Nord de l’Ontario, entre Sudbury et Sault-Sainte-Marie.
À Toronto, il y a déjà de nombreux collèges et universités, donc je pense qu’un établissement de plus n’aura pas autant d’impact sur l’économie que l’anticipent les responsables du projet. Les étudiants devront travailler très fort pour se rendre à Toronto, mais aussi pour y rester, car la population de la métropole a augmenté en flèche au cours des dernières années.
Il serait malavisé et imprudent d’exposer les nouveaux arrivants à une société où le cout des logements est inabordable et risible et où le taux d’inoccupation est de 1,1 %. En outre, selon le Rapport sur le marché locatif 2020 de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, le prix mensuel moyen pour se loger dans la région du Grand Toronto a augmenté de 6,8 % cette année pour atteindre 1452 $.

Environ 20 % de la population franco-ontarienne habite au Nord-Est de l’Ontario : à Sudbury, North Bay et dans les communautés environnantes, tandis qu’environ 10 % résident à Toronto. Si l’UOF ouvrait ses portes dans le Nord, je crois qu’un grand nombre de Franco-Ontariens et de Franco-Ontariennes pourraient saisir cette opportunité sans avoir besoin de quitter leur région d’origine ou d’être riches.
Ross Romano, ministre des Collèges et Universités de l’Ontario, a déclaré que le gouvernement anticipe une augmentation de 61 % du corps étudiant au cours des dix années qui suivront la naissance de l’UOF. Il dit que l’essentiel de la croissance viendra du Sud-Ouest et du centre de l’Ontario ; il y aurait peu de chance que les nordistes viennent.
La députée de Nickel Belt, France Gélinas, est d’accord : elle n’a rien contre un campus à Toronto, mais elle va continuer de pousser auprès du gouvernement fédéral pour un meilleur accès aux cours en français dans le Nord.
De plus, il y a tellement plus d’espace dans le Nord de l’Ontario pour une nouvelle université! La population étouffe à Toronto, alors que, dans le Nord, il y a davantage de place pour étendre la population, surtout les jeunes. Beaucoup de villes dans le Nord, dont la mienne, souffrent d’une population vieillissante. Si l’on y créait de nouvelles opportunités pour les jeunes, ils pourraient offrir tellement à la société.
En conclusion, je crois que si le gouvernement et les responsables du projet décidaient d’ouvrir l’Université de l’Ontario français dans le Nord de l’Ontario, quelque part entre Sudbury et le Sault, ça aurait beaucoup plus d’un impact positif pour le corps étudiant et pour la région d’accueil de l’institution que de l’ouvrir à Toronto.