Cet hiver, une équipe de chercheurs argentins a détecté la température la plus élevée encore jamais enregistrée en Antarctique. La région a atteint un sommet de 20,75oC, franchissant la barrière des 20°C pour la première fois sur le continent.
Ce nouveau record a été enregistré à la base de recherche argentine de Marambio, située sur l’ile Seymour, qui fait partie d’une chaine d’iles au large des côtes de la péninsule Antarctique, à l’extrémité nord du continent. Cette base de recherche est en place depuis 12 ans et se concentre principalement sur l’étude des impacts du réchauffement climatique sur la couche de sol gelé en permanence de la région, connue sous le nom de pergélisol.
De fait, la température record a été détectée par un capteur situé dans une zone plate et ouverte, loin de tout obstacle. D’ailleurs, ces nouvelles données ont été captées seulement quelques jours après qu’une autre station de recherche, située sur la péninsule Antarctique, ait signalé une température de 18,3°C, la première à dépasser le record précédent de 17,5°C, relevé en mars 2015.
Bien que c’était l’été dans l’hémisphère sud, et même si l’Antarctique commence à se réchauffer tout au long de cette saison à cause de la lumière du soleil ininterrompue, les températures ne dépassent habituellement pas 10°C. Alors que le changement climatique continue de s’accélérer à travers le monde, les régions polaires se réchauffent plus rapidement que toutes les autres.
Depuis le début de la révolution industrielle, lorsque les humains ont commencé à émettre des gaz à effet de serre dans l’atmosphère en brulant des combustibles fossiles, la Terre dans son ensemble s’est réchauffée d’un peu plus de 1°C. Comparativement à cela, la péninsule Antarctique s’est réchauffée de 3°C seulement au cours des 50 dernières années. En fait, des études ont révélé que la vitesse de réchauffement actuelle de l’Antarctique est sans précédent dans les 2000 dernières années. La nouvelle température record de l’Antarctique correspond également aux tendances du réchauffement climatique. La dernière décennie, de 2010 à 2019, a été la plus chaude jamais enregistrée.
Cette augmentation de chaleur est particulièrement inquiétante, car elle entraine la fonte des calottes glaciaires de l’Antarctique, le plus grand réservoir de glace au monde. Alors que l’océan environnant se réchauffe, d’énormes morceaux de glace se brisent et entrent dans la mer, grugeant peu à peu la côte glacée du continent.
Dans les dernières années, le taux annuel de perte de glace de l’Antarctique n’a cessé d’augmenter, s’étant multiplié par plus de six depuis 1979. Dans les 50 dernières années, environ 87 % des glaciers le long de la côte ouest de la péninsule Antarctique ont également fondu partiellement ou pleinement, ce processus s’étant accéléré au cours des 12 dernières années. Il est estimé que si toute la glace en Antarctique fondait, le niveau de la mer augmenterait de plus de 60 mètres, entrainant des conséquences mondiales graves, particulièrement pour les millions de personnes vivant sur les régions côtières et les iles.
En somme, cet évènement montre que chaque région du monde est affectée par les changements climatiques, y compris l’endroit le plus inhabitable sur la Terre. C’est pourquoi il est le temps de réduire les émissions de gaz à effet de serre. En s’éloignant des combustibles fossiles, l’humanité pourrait être en mesure d’éviter les pires impacts de l’une des plus grandes crises de cette époque. La question n’est plus de savoir si la planète se réchauffe, mais si l’humanité pourra répondre à temps aux avertissements qu’elle nous envoie.
