Constatant que la démographie et la géographie peuvent plonger les francophones vivant en milieu minoritaire dans un climat d’isolement social, culturel et linguistique, la Coopérative du regroupement des organismes francophones de Thunder Bay Inc. (ROFTB Inc.) s’est embarquée dans un vaste projet qui vise à réduire ou abattre de telles barrières.
En novembre 2017, la Fondation Trillium de l’Ontario (FTO) a accordé 548 800 $, répartis sur trois ans, à la coopérative pour son projet intitulé «Liens communautaires pour les personnes isolées de Thunder Bay». En raison de la pandémie, la durée du projet a été étendue jusqu’en juillet 2021.
Plusieurs bulles isolées
«Les personnes visées incluent les ainés, les nouveaux arrivants et étudiants d’expression française, les familles exogames et les jeunes», explique la présidente de la Coopérative ROFTB Inc., Claudette Gleeson. «Nous savons, par expérience personnelle, qu’il est possible de vivre à Thunder Bay sans savoir qu’il y a d’autres gens avec qui nous pouvons parler en français.»

Madame Gleeson précise que le projet s’est inspiré d’un programme mis en œuvre avec succès par Centraide du Grand Montréal, qui était destiné aux ainés, aux immigrants, aux personnes avec un handicap, aux bénévoles et aux familles. «C’était évidemment à une échelle plus grande que dans notre cas, mais adaptable à un milieu éloigné et linguistiquement minoritaire comme celui de Thunder Bay.»
Personnes âgées
Membre de la coopérative, le groupe Accueil francophone de Thunder Bay a pour mission de faciliter l’accès à des soins de santé en français dans la région.
L’Accueil francophone travaille notamment de près avec les ainés francophones puisqu’ils «constituent souvent le segment le plus vulnérable de la population», notamment en raison de leurs revenus moins élevés que la moyenne, ce qui peut les isoler encore davantage.
Depuis la COVID-19, l’Accueil francophone offre un soutien téléphonique, distribue de la nourriture aux gens qui en ont besoin, envoie des renseignements sur comment se protéger contre le virus et anime un café-rencontre une fois par semaine via Zoom.
Un rapide sondage aléatoire a permis de glaner quelques réactions des bénéficiaires de l’Accueil francophone : «Les gens sont gentils et je ressens un sentiment de bienêtre», «ça me force à sortir et c’est bon pour le moral», «ça fait du bien d’être avec d’autres francophones», «les livres en français m’intéressent beaucoup, puis c’est bien que vous en apportiez pour notre bibliothèque au cinquième étage», ont notamment indiqué les répondants.
Une ainée note que les membres de sa famille sont tous mariés avec des conjoints anglophones et qu’ils ne lui parlent presque plus dans sa langue. «Avec l’Accueil, ça me fait passer un après-midi en français», félicite-t-elle.
Excellent bulletin
Le projet a atteint sa vitesse de croisière et permet désormais à quelque 350 francophones de rejoindre des groupes de loisirs, de participer à des ateliers de sensibilisation et à des programmes d’insertion sociale organisés en collaboration avec divers acteurs communautaires et de faire du bénévolat.

Il leur offre aussi un nouveau mode de transport, une fourgonnette payée par la Fondation Trillium, pour accéder plus facilement à certains services ou activités.
Plus d’un an avant la nouvelle date limite du projet, le bulletin est «excellent» d’après les gestionnaires. La coopérative a sensiblement augmenté ou rehaussé les liens communautaires pour les personnes isolées.
«Nous pouvons nous targuer aujourd’hui d’avoir amélioré nos pratiques d’organisation d’activités et, surtout, d’avoir développé une structure d’appui à nos organismes membres et partenaires», conclut Claudette Gleeson.