Adam Kirkwood, Naomi Grant et Christine Caveen
Collaboration spéciale
Franco Mariotti a grandi à Sudbury et a vu de ses yeux sa ville natale se transformer grâce au reverdissement.
«Dans le quartier de la Petite Italie où j’ai grandi au début des années 1960, ma cour ressemblait à un paysage lunaire : des roches noires sans même un seul brin d’herbe. Une grande partie du paysage entourant la ville ressemblait également à cela. Le reverdissement de Sudbury n’a pas été qu’un changement esthétique de notre cour et de notre ville. Il a aussi été un instrument de transformation positive de l’univers dans lequel nous vivions», déclare M. Mariotti.
L’histoire du reverdissement de Sudbury est vraiment remarquable. De 1978 à 2015, plus de 3400 hectares ont été chaulés et recouverts de gazon et plus de 9,5 millions d’arbres ont été plantés. Cela a eu des effets positifs sur la biodiversité, la qualité de l’eau et le changement climatique.
Selon les estimations des chercheurs du projet «Accumulation du carbone dans le paysage grâce à des réductions d’émissions» (en anglais, Landscape Carbon Accumulation through Reductions in Emissions ou L-CARE) de l’Université Laurentienne, 3 670 000 tonnes de dioxyde de carbone ont été séquestrées en 40 ans grâce au reverdissement. Ils en concluent que le reboisement est un moyen efficace de capter le carbone de l’atmosphère.
Un des objectifs proposés dans le Plan communautaire en matière d’énergie et d’émissions du Grand Sudbury pour atteindre zéro émission nette en 30 ans est l’augmentation des efforts du Programme de reverdissement pour quadrupler le taux de séquestration du carbone d’ici 2050.
Il est à noter cependant que la protection des arbres existants est tout aussi importante que la plantation de nouveaux arbres.
«Pendant des milliers d’années, la région qui est aujourd’hui le Grand Sudbury était principalement couverte de grands pins rouges et blancs. Aujourd’hui, le seul endroit où l’on retrouve ces arbres majestueux est dans la forêt ancienne du lac Wolf, au nord-est du lac Wanapitei, où certains pins existent depuis 300 ans! Les forêts anciennes sont riches en biodiversité et sont d’importants puits de carbone, emprisonnant le carbone de l’air et ralentissant le réchauffement climatique», dit M. Mariotti.

Il ajoute que de son vivant, le reverdissement lui a appris qu’il est possible de réaliser de grands changements. «Avec la participation de l’industrie, d’entreprises, de politiciens et du public, nous avons changé pour le mieux le monde qui nous entoure. Cela a eu des répercussions importantes sur la façon dont les Sudburois se perçoivent : nous ne sommes plus la Ville qui ressemble à la lune, nous sommes maintenant la Ville de lacs.»
Le reverdissement de notre ville a aussi contribué à rendre les écosystèmes aquatiques plus sains. «La forêt ralentit les vents de surface, protégeant ainsi les eaux de fond des lacs d’un réchauffement excessif en été. Cela a permis aux espèces préférant l’eau froide, comme la truite de lac, de regagner les bassins qui étaient devenus inhabitables», explique le titulaire d’une Chaire de recherche du Canada sur les écosystèmes aquatiques stressés à l’Université Laurentienne, Dr John Gunn.
Le Dr Gunn ajoute que «les matières qui s’écoulent des forêts aux lacs sont comme un remède. Elles fixent les métaux libres qui y ont été déposés pendant des décennies par les fonderies et les rendent non toxiques pour les poissons et les invertébrés sensibles».
Que pouvons-nous faire pour appuyer les efforts de reverdissement et contribuer à faire du Grand Sudbury une ville plus saine et plus propre?
Premièrement, nous pouvons planter et prendre soin des arbres, particulièrement les espèces indigènes. En tant que communauté, nous pouvons inclure plus d’arbres dans nos parcs et nos espaces publics et mieux prendre soin des arbres existants grâce à des politiques telles qu’un plan de gestion des forêts urbaines, des règlements sur l’abattage d’arbres ou des exigences en matière de toits verts.
Une communauté plus saine pour tous ses résidents : voilà ce que nous aurons. Une ville avec plus d’arbres est meilleure pour la santé mentale et physique, garde au frais et empêche les inondations. Elle fait partie d’un écosystème naturel de lacs, de rivières et de forêts anciennes que nous pouvons apprécier pour des années à venir.
«Les changements que nous avons constatés avec le reverdissement nous ont appris que nous pouvons relever des défis majeurs», explique M. Mariotti. Grâce à cette leçon, le Grand Sudbury est prêt à faire face à l’urgence climatique.
Au nom de Coalition Bien-Vivre Sudbury, un groupe de citoyens et de groupes communautaires qui partagent une vision de Sudbury en tant que communauté verte, saine et engagée. Pour plus d’informations portant sur un Grand Sudbury zéro émission nette, voir liveablesudbury.org/net_zero_sudbury.