Il faut accepter de que nos oreilles baigneront dans la musique électronique pendant une heure pour pleinement apprécier Le choc du futur, l’un des films francophones à l’affiche au Sudbury Indie Cinema en aout. Une lettre d’amour et un hommage aux pionnières oubliées de la musique électronique française. La passion du personnage principal nous aide à traverser le film et à apprendre à apprécier ce style plus qu’à apprendre son histoire.
Le film présente une journée dans la vie d’Ana Klimova, une jeune musicienne (fictive) qui rêve de percer. L’année est 1978, la fin de l’époque disco approche et Ana est convaincue que la musique électronique est la prochaine grande révolution, malgré une réception froide des producteurs et du public. Elle tente de composer une pièce pour une fête qui aura lieu le soir et à laquelle un producteur influent a été invité.
À la fin du film, on a l’impression d’avoir écouté un album de musique avec des scènes qui ajoutent du contexte aux pièces. Il n’y a pas de trame sonore. Toute la musique que l’on entend est produite ou entendue par les personnages. Quoi qu’il est difficile de croire que les bandes magnétiques et les disques vinyles des années 1970 peuvent produire la qualité audio qu’on nous présente.
Le fait que l’histoire se déroule sur une seule journée est un peu difficile à avaler, mais on peut facilement accepter que l’on veut nous montrer autant d’aspects de sa vie que possible. Non seulement elle compose et enregistre une pièce avec la visite surprise d’une chanteuse, mais elle doit faire réparer l’équipement, gérer un producteur déçu et faire un massage — elle doit bien gagner sa vie en attendant le succès!
Pour un film qui veut rendre hommage à des pionnières, on apprend quand même peu de choses sur elles et leur musique. L’installation de production qu’utilise Ana laisse supposer que ce n’est pas très accessible vu le prix d’acquisition des appareils. Elle nous permet aussi de comprendre comment se faisait la musique électronique avant les ordinateurs.
Par contre, les embuches d’Ana sont relativement prévisibles : sexisme, manque d’inspiration, rejet. On y entrevoit quand même une sorte de conflit des générations alors que les personnages plus âgés sont ceux qui apprécient moins le produit final, sauf une exception excentrique.
Pour un premier film, le réalisateur et auteur Marc Collin — avant tout un musicien — démontre un beau contrôle de l’esthétique de l’image. Presque tous les plans sont des plans rapprochés. Nécessaire dans le petit appartement, mais de cette façon, on est dans l’intimité d’Ana, parfois même dans sa tête ou entre ses écouteurs.
La comédienne Alma Jodorowsky livre une performance juste assez nuancée pour montrer le caractère introspectif du personnage tout en laissant transparaitre ses émotions.
Si vous appréciez, même juste un peu, la musique électronique, vous vous laisserez entrainer dans le film. Il vous donnera le gout d’explorer l’histoire de ce style musical. Je me suis surpris à vouloir réécouter plusieurs des pièces; heureusement, la trame sonore est disponible sur Bandcamp.
Retour chez Indie Cinema
Sudbury Indie Cinema ouvre à nouveau ses portes le 13 aout avec quelques protocoles pour assurer la sécurité. Par exemple, les masques sont obligatoires — il y en aura de disponibles à la porte — et un maximum de 40 personnes peut assister à une projection.
Le choc du futur sera projeté le 20 aout à 18 h 15, le 21 à 17 h, le 28 à 20 h et le 3 septembre à 16 h. Il y aura d’autres dates en septembre.
Le deuxième film français est un documentaire. L’Opéra de Paris suit l’équipe de l’Opéra national de Paris alors qu’elle prépare et présente sa saison 2015. C’est un coup d’œil sur les coulisses, les bureaux, les répétitions et le parterre. Il sera présenté le 20 aout à 15 h 30, le 23 à 15 h 30 et le 1er septembre à 14 h en plus d’autres dates en septembre.
