Au début de la pandémie de COVID-19, on a vu le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, prendre du galon. L’empathie qu’il démontrait lors de ses conférences de presse au sujet du virus l’a rendu sympathique, même auprès de ses détracteurs habituels. Presque tout le monde acceptait ses décisions. Mais même en pleine crise, lui et son gouvernement sont restés des autocrates qui ne veulent rendre de compte à personne et qui protègent leurs amis. Depuis quelque temps, c’est encore pire. Ford (re)montre son vrai visage.
Durant la pandémie, le gouvernement ontarien a continué à siéger, parfois en virtuel, et a continué à adopter des lois et des règlements. Une grande partie de ses décisions portaient naturellement sur la pandémie, mais parmi celles-ci, les conservateurs ont réussi à glisser des lois antidémocratiques. Comme la loi 195, qui enlèvent plusieurs droits aux travailleurs de la santé. Le gouvernement l’a adoptée pour, disait-il, faire face à la pandémie, mais elle n’est pas temporaire et continue de régenter le travail dans le domaine de la santé.
La semaine dernière, les conservateurs ont aussi inclus dans un projet de loi omnibus sur la pandémie une section qui enlève aux municipalités l’option d’utiliser un bulletin de vote préférentiel (ranked ballot) lors des prochaines élections municipales. Pourquoi? Parce que ce changement à la loi électorale a été adopté par le précédent gouvernement libéral et plusieurs municipalités étudient déjà la possibilité de l’utiliser.
Ce n’est pas le seul exemple du vrai visage de Doug Ford et de son gouvernement de suiveux. Cachée dans le budget présenté en avril, il y a une loi qui rendrait les poursuites contre le gouvernement tellement difficiles et onéreuses que la plupart des citoyens ne pourraient se prévaloir de ce recours. Et comme si ce n’était pas assez, le gouvernement annonçait récemment que cette loi s’appliquerait aussi aux maisons de soins de longue durée — là ou plus de 2000 Ontariens sont décédés depuis le début de la pandémie. La loi efface même les poursuites déjà engagées.
Rappelons que Ford est le premier ministre qui, en parlant de ces décès, a dit, «Je ne cesserai pas jusqu’à ce que ces familles obtiennent justice». Quelle hypocrisie!
C’est vrai que plusieurs de ces centres de soins appartiennent à des sociétés dirigées par des amis de Ford où par des gros donateurs au parti conservateur. Allo, Mike Harris aux résidences Chartwell.
En parlant de népotisme, le gouvernement Ford vient d’annoncer, avant même que le processus de désignation soit terminé, qu’il accordera le statut d’université au Canada Christian College de son ami, Charles McVety. Chrétien intégriste, McVety est connu pour ses sorties vitrioliques contre les homosexuels et les musulmans. Il est aussi connu pour son soutien financier à la campagne de Ford et pour avoir rallié les chrétiens à voter conservateur lors de la dernière élection provinciale.
Le pire dans tout ça, c’est la façon cachotière, ou même despotique, avec laquelle le gouvernement glisse ces changements dans des projets de loi qui n’ont aucun rapport. Doug Ford se sert de la pandémie pour nous passer des sapins. Et il nous prend pour des idiots s’il croit que nous ne voyons pas son jeu de petit dictateur sans morale.