La rentrée des classes ne s’est pas faite sans embuches dans le Nord de l’Ontario. Des écoles et conseils scolaires sont mécontents des mesures mises en place par le gouvernement Ford dans le cadre de la pandémie et demandent des changements d’urgence.
Le député provincial néodémocrate de Mushkegowuk-Baie James, Guy Bourgouin, a organisé le mercredi 28 octobre une assemblée publique sur l’éducation, diffusée en direct sur Facebook. Le panel était composé de trois intervenants du milieu de l’éducation et de deux députés du Nord de l’Ontario.
Les panélistes se sont intéressés à la rentrée des classes dans les circonscriptions du Nord, dénonçant une mauvaise stratégie et un manque de communication qui mettraient en péril la santé et l’éducation des jeunes de l’Ontario.
Le problème des autobus scolaires
Plusieurs ont souligné que le système actuel des autobus scolaires ne permet pas de respecter les normes sanitaires, une situation qui inquiète de nombreux parents.
«On me demande de séparer les salles de classe, d’avoir des portes d’entrée séparées ou de diviser la cour d’école, mais les élèves sont tous regroupés dans l’autobus!», s’est indignée la directrice de l’école Our Lady of Fatima à Chapleau, Natalie Tessier. Elle ajoute sentir que cette tourmente n’est pas prise au sérieux par le gouvernement.
La directrice a dénoncé «l’inaction» du ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, face à ce dossier, qui contraste selon elle avec la pression exercée sur les écoles pour respecter les distances de sécurité dans les établissements. «Certaines écoles trop petites ne peuvent pas faire respecter les deux mètres de distance de sécurité entre les élèves», déplore Nathalie Tessier.
Pour résoudre le problème des transports scolaires, le député néodémocrate d’Algoma-Manitoulin Michael Mantha a annoncé vouloir remplir les autobus à moitié. «Le gros problème est le financement pour le fonctionnement sécuritaire des autobus. Des autobus remplis à une capacité de 50 %, ça veut dire plus de chauffeurs d’autobus et plus de bus, ce qui veut dire qu’on a besoin plus de fond pour les écoles et les conseils scolaires», a-t-il souligné.
Un épuisement collectif
«Ce qui fonctionne présentement dans les écoles, ce n’est pas grâce aux gouvernements ni au ministre Lecce. C’est vraiment le personnel scolaire et l’équipe qui font fonctionner ça du mieux qu’ils le peuvent, avec plein de contraintes», a résumé la présidente de l’Association des Enseignants et Enseignantes franco-ontariens (AEFO), Anne Vinet-Roy.
Elle a enchainé en rapportant le manque de main-d’œuvre et les conditions actuelles qui créent une surcharge de travail sur le personnel scolaire. Les conseils scolaires ressentent l’épuisement chez les enseignants, les suppléants, les concierges et autres membres du personnel, a indiqué la présidente de l’AEFO.
Selon Natalie Tessier, la situation était déjà difficile hors période de COVID-19 et la crise sanitaire a d’autant plus compliqué le fonctionnement des établissements scolaires : lorsqu’un enseignant contracte des symptômes, il doit se faire tester et attendre cinq ou six jours pour recevoir ses résultats, période durant laquelle il ne peut pas enseigner.
Le député Michael Mantha a proposé différentes solutions pour diminuer l’épuisement des effectifs scolaires : «Embaucher du personnel additionnel pour être surs de répondre aux besoins dans nos classes, avoir des congés de maladie pour les enseignants, les parents, etc. Et enfin, un financement immédiat pour les services de garde.»
Le financement, nerf de la guerre
Le député Bourgouin a déploré le trop faible financement dans le domaine de l’éducation pour contrer la crise sanitaire. «Ce qu’on a obtenu à la place, c’est un programme de petit budget. Doug Ford a annoncé un financement de 377 millions $ pour tous les 72 conseils de l’Ontario afin de répondre aux besoins causés par la pandémie», a rapporté le député néodémocrate.
Selon la présidente de l’AEFO, Anne Vinet-Roy, cet argent n’est pas nouveau et devait être donné à l’éducation même sans crise sanitaire.
Les panélistes ont aussi reproché au ministre de l’Éducation et au premier ministre un manque d’échanges et de discussions avec les conseils scolaires sur la situation sanitaire inédite.
Nathalie Tessier a en outre indiqué que son école signale depuis deux mois un manque de 400 masques, mais que ses demandes ne sont pas entendues par le gouvernement.
Anne Vinet-Roy a souligné que «si on avait pris le temps, peut-être retardé la rentrée de quelques semaines, cela aurait permis de discuter et on aurait peut-être été écoutés».