le Mercredi 29 mars 2023
le Jeudi 3 décembre 2020 16:26 Arts et culture

Le KWSO se tourne vers les mélomanes francophones : une première!

  Crédit : Ben Larivière
Crédit : Ben Larivière
Une première dans le monde orchestral canadien qui pourrait peut-être en inspirer d’autres

En créant du contenu en français sur son site web dans le cadre de sa saison virtuelle 2020-2021, le Kitchener-Waterloo Symphonic Orchestra (KWSO) est l’un des rares orchestres symphoniques ontariens à tenir compte du public francophone, avec celui d’Ottawa. Une initiative en partie due à son premier violon, Bénédicte Lauzière.

Même si les francophones ne représentent que 4 % de la population totale de la région Kitchener-Waterloo, selon les chiffres du Commissariat aux langues officielles (CLO), le KWSO s’est décidé il y a quelques semaines à déposer une demande au Programme d’aide à la francophonie ontarienne (PAFO) pour son projet «Bonne musique».

La démarche a porté fruit, l’organisme culturel s’est vu octroyer la somme de 24 000 $ pour produire du «contenu français pour une série virtuelle de 18 concerts, y compris la narration, le contenu écrit, les médias sociaux et le matériel promotionnel et de mise en marché».

Le premier concert virtuel en français a d’ailleurs eu lieu la fin de semaine du 20 novembre. Les amateurs francophones ayant réservé leur billet ont ainsi pu voir sur leur écran certaines informations en français sur le concert Le maître et le prodige.

Le maestro québécois d’origine roumaine, Andreï Feher, a dirigé la Symphonie no.83 en sol mineur, La poule, suivie de la Symphonie no.1 en do mineur de Mendelssohn.

Toucher la corde sensible

Le KWSO se classe parmi les trois plus importants orchestres symphoniques en Ontario, après ceux de Toronto et d’Ottawa. Cinquante-deux musiciens professionnels en font partie, dont six sont francophones selon Bénédicte Lauzière, premier violon.

Crédit : Ben Larivière

Installée dans la région de Kitchener-Waterloo en raison de l’orchestre symphonique, cette Montréalaise d’origine a le français tient à cœur. Le directeur musical de l’orchestre, Andreï Feher, étant au même diapason, cela a encouragé la demande de financement.

«Notre but avec cette demande au PAFO était de viser non seulement les mélomanes de Kitchener, mais aussi d’ailleurs en Ontario», explique la violoniste. Encore fallait-il un terreau fertile pour faire avancer l’idée de tisser des ponts en français avec le public.

En plus du projet «Bonne musique», qui assurera du matériel en français, le KWSO a décidé d’embaucher un contractuel, Mathieu Roy, au poste d’agent de communication dédié spécifiquement au marché francophone.

Quant à Mme Lauzière, outre ses qualités de violoniste saluées depuis plus de 10 ans par les critiques musicaux, ses talents seront aussi mis à contribution dans «Bonne musique» à travers la traduction des notes de programmes. Un guide d’aide et certaines pages du site web du KWSO sont déjà accessibles en français.

Une première dans le monde orchestral canadien

Pour Mathieu Roy, «ce projet marque une nouvelle étape dans la volonté du KWSO de promouvoir l’accessibilité, la diversité et l’équité en transformant la relation avec les Franco-Ontariens.»

Est-ce que cela va se traduire par une augmentation des ventes de billets? Difficile à dire selon lui : «La route est longue!» Il espère cependant que «les individus culturellement curieux sauteront sur l’occasion de consommer des concerts offerts dans leur langue de préférence.»

Des problèmes techniques lors de la diffusion du premier concert virtuel en français ont empêché de recueillir les commentaires des amateurs de musique classique. Cependant, de l’avis de l’agent d’information franco-ontarien, quelques jours plus tard, certains mélomanes de Kitchener-Waterloo ont pris la peine de faire connaitre leur satisfaction.

Quant à savoir si l’exemple du KWSO pourrait être suivi par d’autres, le nouveau contractuel le souhaite, même si ce n’est pas gagné d’avance. «Nous sommes conscients que l’accès aux [contenus] francophones peut être difficile, surtout ici dans le sud de l’Ontario. Nous espérons qu’en faisant notre part, d’autres organisations suivront notre exemple et créeront des contenus dans la deuxième langue officielle du Canada.»

Comme la musique est un langage universel, «le KWSO souhaite s’assurer que toutes les parties de la communauté bénéficient de son travail», conclut Mathieu Roy.