le Mercredi 29 mars 2023
le Dimanche 27 décembre 2020 18:56 Politique

Le gouvernement Ford n’a pas écouté à la lettre les experts

Le parlement ontarien — Photo : Archives
Le parlement ontarien
Photo : Archives
Les experts de la santé publique de l’Ontario avaient affirmé qu’un «confinement strict» de quatre à six semaines pourrait réduire le nombre de cas de COVID-19 à moins de 1000 par jour.

Deux heures plus tard, le 21 décembre, Doug Ford a annoncé un confinement de deux à quatre semaines.

Le Groupe pour le consensus en matière de modélisation et de conseils scientifiques a fait ce jour-là le point sur les projections relatives à la COVID-19.

En observant l’expérience acquise en France et en Australie, les spécialistes de la santé publique de l’Ontario ont conclu que le nombre de cas pourrait être de retour à moins de 1000 cas de COVID-19 quotidiens si la province met en place un confinement sévère allant jusqu’à six semaines.

«Nous ne croyons pas qu’un confinement de moins de quatre semaines serait efficace», a fait savoir l’un des responsables du groupe scientifique provincial qui répond à la COVID-19, le Dr Adalsteinn Steini Brown.

Les experts de la santé publique ont fait ces observations deux heures avant que le premier ministre Doug Ford ait annoncé un confinement, à compter du 26 décembre, de deux semaines pour le nord de la province et de quatre semaines pour le sud de la province.

Le Dr Brown a répété à plusieurs reprises, en conférence de presse, que la province doit mettre en place davantage de ressources dans les communautés et les lieux de travail des services essentiels où l’exposition est plus élevée, comme les tests de dépistage et du soutien en cas d’isolement ou de quarantaine.

En annonçant ce confinement à l’échelle de la province, le gouvernement Ford a aussi dévoilé un Fonds de soutien aux petites et moyennes entreprises, qui pourront recevoir entre 10 000 $ et 20 000 $ pour les aider à survivre durant cette période.

Le gouvernement a aussi annoncé 42 millions $ pour soutenir 15 communautés prioritaires de Toronto, de Peel et d’Ottawa pour des interventions clés, comme de la sensibilisation, un accès accru aux tests de dépistage et un soutien pour les Ontariens qui doivent s’isoler.

Les nouvelles projections des scientifiques démontrent que sans intervention de la province, le nombre de cas quotidiens pourrait s’élever à plus de 5000 dès le début du mois de janvier.

300 patients aux soins intensifs d’ici la fin de l’année

D’ici la mi-janvier, le pire scénario présenté par les experts de santé publique prévoit près de 30 000 cas de COVID-19 par jour en Ontario et plus de 1500 patients en soins intensifs.

Dans tous les cas, l’Ontario devrait compter 300 patients en soins intensifs d’ici la fin de l’année. Le 27 décembre, il y en avait 285, 20 de plus que le 21 décembre.

Les nouvelles modélisations indiquent que les niveaux globaux de cas sont deux fois plus élevés que le niveau rouge du code de couleurs de la province, soit le dernier niveau avant qu’une région doive se placer en confinement.

Or, le pourcentage de positivité se stabilise. Cependant, «notre capacité à contrôler la croissance des cas est encore précaire», notent les scientifiques.

La croissance continue du nombre de cas va accroitre les éclosions dans les foyers de soins de longue durée (FSLD), prévoient-ils.

Le 21 décembre, 145 FSLD étaient touchés par une éclosion. Jusqu’à présent, 2481 résidents de FSLD ont perdu la vie en raison du virus, et huit employés de ces établissements.

La santé publique indique que 83 % des décès de résidents en FSLD durant la deuxième vague sont survenus depuis le 1er novembre.  Il y a eu 633 décès de résidents depuis le 1er septembre, dont 100 au cours des sept derniers jours.

Les mesures actuelles de confinement en Ontario interdisent l’ouverture des restaurants, des salons de coiffure et des salles de gym intérieures, et ne permettent que les achats en personne dans les magasins qui vendent des produits essentiels et à grande surface.