Les petites et moyennes entreprises (PME) du corridor de l’autoroute 11, dans le Nord de l’Ontario, espèrent que les différents paliers gouvernementaux offriront plus d’aide aux employeurs durant la deuxième vague de la pandémie de la COVID-19. Un forum Zoom de la Chambre de commerce de Kapuskasing et de la Société économique de l’Ontario a permis aux PME de partager leurs inquiétudes et suggestions concernant la crise. D’après eux, le fonctionnement des programmes d’aide et les nombreuses restrictions imposées affectent les chances de survie de plusieurs commerces.
Les maires de Hearst à Smooth Rock Falls et les députés de la région ont participé au forum et pris connaissance des nombreux défis qu’affrontent les PME depuis mars 2020.
La propriétaire du restaurant Le Kaprice situé à Kapuskasing, Mylène Gravel, souligne que ses portes ont été fermées pendant la moitié de la dernière année. Elle a des raisons de craindre pour l’avenir de son entreprise si le deuxième confinement annoncé par le gouvernement ontarien dure plus de quatre mois.
D’autres entreprises ont de la difficulté à embaucher des travailleurs pendant des semaines. Certains estiment que l’accès à la Prestation canadienne d’urgence (PCU) a poussé de futurs employés à rester à la maison plutôt qu’à travailler.
L’une des propriétaires de Larabie’s Your Independent Grocer, Emanuelle Larabie, espère que le processus de dépistage de la COVID-19 s’accélèrera. Elle raconte que, parfois, ceux qui subissent un test doivent s’isoler pendant plus de 10 jours avant de recevoir un résultat.
L’épicerie et le détaillant de meubles Kap Furniture Fashions racontent également qu’ils ont dû attendre longtemps pour renflouer leur stock, et ce, à plusieurs reprises.
Les règles et mesures ne font pas l’unanimité
Les PME espèrent que les gouvernements provincial et fédéral créeront plus de programmes pour les employeurs afin d’inciter les gens à travailler. Elles conseillent aux municipalités nord-ontariennes de sensibiliser le public aux enjeux qu’elles affrontent.
De plus, plusieurs entrepreneurs, qui sont aussi des parents, constatent qu’il y a un manque de services de garde et que l’apprentissage en ligne complique les choses à la maison. À ce sujet, ils demandent d’améliorer l’accès aux services haute vitesse dans le Nord.
La vice-présidente de la Société économique de l’Ontario et mère, Julie Tremblay, réclame également plus de mesures pour assurer la bonne santé mentale des enfants.
La députée fédérale d’Algoma-Manitoulin-Kapuskasing, Carol Hughes, reconnait que la deuxième vague de la pandémie n’aura pas un impact moindre que la première. «C’est certain qu’on va faire entendre ces préoccupations-là, assure-t-elle. Les gouvernements [du Canada et de l’Ontario] doivent prêter attention à leurs besoins. […] On ne voit pas le niveau d’aide [requis] pour certains secteurs.»
La plus importante de toutes les propositions a pour but de convaincre l’Ontario de revenir à une approche régionale afin de gérer les mesures en vigueur.
Huit élus nord-ontariens de l’opposition officielle néodémocrate ont déclaré le 8 janvier que les gens se demandent «si certains aspects de ce confinement prolongé sont dictés par des soucis de santé publique ou bien causés par l’inaction dont le gouvernement Ford a fait preuve précédemment».
Ils cherchent également à savoir si les restrictions imposées aux PME possèdent «un bienfondé médical» ou si elles sont «le produit d’influences politiques».
Les industries survivent et prospèrent
La courtière Dina Minaker estime que le marché immobilier de la région de Kapuskasing a connu une année irrégulière, mais aussi des plus fortes.
D’après le plus récent rapport mensuel de l’Association canadienne de l’immobilier, les ventes ont atteint un niveau record à l’échelle nationale en décembre 2020. À la fin de ce mois, 29 marchés ontariens comptaient moins d’un mois d’inventaire en date du 31 décembre.
D’ailleurs, le tourisme s’en est relativement bien tiré malgré la pandémie. Selon la propriétaire de Villa Inn & Suites à Hearst, Nancy Jacques, les hôtels de la région ont heureusement un taux d’occupation qu’elle juge «correct». La pression financière s’est allégée durant l’été grâce au déroulement de nombreux projets d’infrastructures.