En plein milieu de la crise sanitaire de la COVID-19, peu de citoyens remarquent la sévérité de la crise des opioïdes. Un enjeu sérieux que connait Sudbury depuis longtemps. Selon Santé Canada, environ 12 personnes meurent par jour d’une surdose opioïde et ce taux ne fait qu’accroitre.
De plus, le taux d’augmentation le plus élevé de besoin de soins hospitaliers reliés aux opioïdes est chez les jeunes canadiens âgés de 15-24 ans. Les régions de Sudbury et de Manitoulin ont vu 56 décès provoqués par des surdoses en 2019. Il est ainsi mis en évidence que notre région éprouve une épidémie et celle-ci a été fortement provoquée par la stigmatisation.
Que sont les opioïdes?
Les opioïdes sont des médicaments pour le traitement de la douleur qui provoquent un sentiment d’euphorie. Ces substances sont généralement saines lorsque prescrites par un professionnel de la santé et utilisées pendant peu de temps. Cependant, la combinaison d’opioïdes avec d’autres substances, leur utilisation sans ordonnance et la consommation sans prescription peuvent être très dangereuses. D’ailleurs, la présence élevée de substances synthétiques, comme le fentanyl et le carfentanil, augmente aussi le risque de surdose et de mort.
La stigmatisation
Le Petit Robert définit «stigmatiser» comme : «Noter d’infamie, condamner définitivement et ignominieusement». Les stéréotypes, les préjugés et le jugement ne sont que quelques formes de stigmatisation parmi plusieurs au sein de la crise opioïde.
«La stigmatisation est venue de l’idée que c’est une faiblesse, que c’est de ta faute, que tu as fait quelque chose dans ta vie qui a fait que ceci t’arrive», explique l’infirmière en santé mentale, Melanie Landry.
Sans aucun doute, la discrimination a influencé la crise opioïdes de façon considérable. Celle-ci peut faire en sorte que les personnes présentant un trouble lié à l’utilisation de substances aient honte de la situation dans laquelle elles se trouvent. Puis, la stigmatisation et les barrières discriminatoires créent une honte, ce qui pourrait empêcher ces individus de rechercher les soins nécessaires. De plus, ils seront plus enclins à utiliser des drogues seuls, augmentant ainsi leur risque de surdose et de mourir.
«La stigmatisation égale le silence. Et lorsqu’il y a du silence, il n’a pas de communication, il n’a pas de dialogue, il n’y a pas d’espace créé pour que les gens aient de la dignité. La réalité c’est que la dépendance est omniprésente dans notre société», note Mme Landry.
Que faire?
Il y a plusieurs moyens pour faire sa part pour combattre la stigmatisation de la crise des opioïdes. Même un simple changement du vocabulaire peut inciter un changement de perception.
Le gouvernement canadien suggère d’abandonner les noms méprisants comme «accro», «toxicomane», «drogué» ou «abuseur de drogues». Ces expressions agissent comme une forme de déshumanisation. Il s’agit ainsi d’adopter un vocabulaire sans jugement, comme «une personne qui consomme des drogues» et «une personne présentant un trouble lié à l’utilisation de substances».
«Informez-vous sur ce qui arrive dans votre communauté. Être informé et avoir de bonnes informations c’est un outil très puissant pour le changement», note Melanie Landry.
En somme, il est essentiel de faire appel à l’empathie, à la compassion et au respect. Puis, il faut se souvenir de ne pas retenir des jugements préconçus puisqu’il est impossible de connaitre la vie et le parcours d’un individu sans leur parler.
«Les gens autour du monde utilisent des substances : le café, les cigarettes, l’alcool, ajoute Mme Landry. Nous devons réaliser que les gens qui utilisent le carfentanil ne sont pas différents des gens qui utilisent l’alcool. C’est leur droit de recevoir un traitement égal.»