La situation financière qui accable présentement l’Université Laurentienne est désolante. Quelles que soient les raisons ou les mauvaises décisions qui ont mené à cette situation, notre communauté doit maintenant appuyer la Laurentienne et l’aider à sortir de ce marasme. Ce sera, en tout cas, la position du journal Le Voyageur tout au long du processus de restructuration financière entrepris par l’université.
Certains d’entre vous savent que Le Voyageur appuie depuis longtemps la création d’une université franco-ontarienne. Vous pourriez donc ne pas comprendre notre appui à la Laurentienne. Surtout que nous avons déjà écrit qu’une telle université de langue française devrait récupérer tous les programmes offerts en français à la Laurentienne et à l’Université d’Ottawa. Mais l’un n’exclut pas l’autre.
Prenons l’exemple de nos collèges. Il est évident que Le Voyageur, comme toute la communauté francophone, a des liens privilégiés avec le Collège Boréal. Cela n’empêcherait absolument pas le journal, comme tous les francophones de la région d’ailleurs, de souligner un bon coup du collège Cambrian ou s’il reçoit une distinction. Pourquoi? Parce que nous sommes aussi Sudburois et que, quand une personne ou une institution d’ici se distingue dans quelque domaine que ce soit, nous l’appuyons et en sommes fiers.
Il y a une autre raison pour laquelle nous devons appuyer la Laurentienne en cette période difficile. C’est que, pour l’instant, la Laurentienne est l’une des seules universités à desservir nos étudiants francophones du Nord. Il y a bien sûr aussi l’Université de Sudbury et l’Université de Hearst, mais l’une est fédérée et l’autre affiliée, elles dépendent donc de la Laurentienne pour leur fonctionnement et leur légitimité. La gouvernance des programmes offerts à Sudbury n’est pas idéale non plus puisqu’elle ne respecte pas le principe du «par et pour» les francophones, mais ce sont les seuls programmes offerts en français dans le nord. Nous devons les protéger en attendant mieux.
Les protéger veut dire s’assurer que le processus de restructuration que la Laurentienne entame ne réduira pas une offre déjà insuffisante de ses programmes en français. Depuis des années, le faible nombre d’étudiants inscrits dans plusieurs cours et programmes en français de la Laurentienne rendent ces programmes vulnérables aux coupes. Une restructuration axée uniquement sur le rendement financier pourrait donc détruire nos acquis. Il est important de trouver des moyens de les maintenir.
Un moyen de sauver nos maigres acquis serait peut-être la création d’un collège universitaire français au sein de la Fédération de l’Université Laurentienne. Ce projet, qui a déjà été proposé dans les années 1990, regrouperait tous les programmes en français offerts à la Laurentienne et aurait son propre conseil d’administration, tout comme les universités fédérées — l’Université de Sudbury, Huntington et Thorneloe. Ce pourrait même être une première étape vers l’université francophone multicampus dont la communauté franco-ontarienne rêve depuis plus de 50 ans.
Quel que soit l’appui offert par notre communauté à la Laurentienne, il est évident que les gouvernements devront aussi faire leur part. Ils sont en grande partie responsables de la débâcle financière qui guette plusieurs institutions universitaires. On a qu’à examiner le financement des universités pour comprendre. En 1982, les gouvernements finançaient 82 % des dépenses universitaires au Canada. En 2019, ce financement était de 24 %. Ça ne peut plus durer.