le Samedi 10 juin 2023
le Lundi 15 mars 2021 5:38 Politique

Le Jour de la bataille des épingles à chapeau devra attendre

  Photo : Archives
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Le gouvernement n'a pas encore donné son avis sur le projet de loi du député Bourgouin
Le Jour de la bataille des épingles à chapeau devra attendre
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Le NPD a déposé un projet de loi le 8 mars pour proclamer le Jour de la bataille des épingles à chapeau, visant à honorer les femmes franco-ontariennes qui ont lutté pour le droit à l’éducation en français. Or, impossible de savoir pour l’instant ce que le gouvernement Ford pense de cette initiative, ou s’il a l’intention de l’appuyer, ou non. 

En déposant son projet de loi pour reconnaitre le combat de femmes francophones de l’Ontario, à l’occasion du Jour de la femme, le député Guy Bourgouin était convaincu de recevoir l’enthousiasme automatique de tous les partis. 

«La bataille des épingles à chapeau du 7 janvier 1916 est un symbole durable des droits des francophones en Ontario», peut-on lire dans le projet de loi du député Bourgouin, composé d’un court paragraphe explicatif d’une demi-douzaine de phrases. 

En 1912, le gouvernement de James P. Whitney a adopté le Règlement 17, interdisant l’usage du français comme langue d’enseignement et de communication dans les écoles bilingues de l’Ontario.

«Des mères, armées de rouleaux à pâtisserie, de casseroles en fonte et d’épingles à chapeau, ont affronté les agents d’exécution de la loi et repoussé leur tentative d’empêcher l’enseignement en français à l’école Guigues d’Ottawa. La passion pour l’éducation qu’ont démontrée les sœurs Béatrice et Diane Desloges pendant la bataille des épingles à chapeau a inspiré et continue d’inspirer les francophones à revendiquer l’enseignement en langue française en Ontario, à faire valoir les droits des francophones dans la province et à se battre à cette fin.»

Guy Bourgouin demande aux élus de l’Assemblée législative de proclamer le 7 janvier de chaque année le Jour de la bataille des épingles à chapeau.

Or, la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, n’a toujours pas indiqué si elle a l’intention d’appuyer ou non le projet de loi, ni même émis sa réaction face à l’idée d’une journée commémorative. 

«En effet, nous étudions le projet de loi avec beaucoup d’intérêt», a fait savoir le ministère dans un courriel envoyé au Droit. «Nous attendons avec impatience d’entendre les opinions de tous les députés, sans préjuger des avis et des conclusions qui résulteront du débat.»

Mais le député Bourgouin voit mal comment quiconque pourrait dire «non» à une telle proposition. «J’espère qu’ils vont l’appuyer. Ce projet de loi n’est pas partisan, je l’ai déposé pour signaler que les femmes ont changé l’histoire pour la communauté franco-ontarienne et que le travail des sœurs Desloges était un moment tournant dans l’histoire du Règlement 17. Je ne vois pas pourquoi ils ne l’appuieraient pas.»

Le ministère des Affaires francophones insiste : «Son projet de loi est encore dans les débuts du processus législatif. Nous ne pouvons pas prévoir s’il sera adopté à l’unanimité ou non.»

Pourtant, lorsque la députée libérale Lucille Collard a déposé mardi une motion demandant de faire flotter en permanence le drapeau franco-ontarien à Queen’s Park, elle a obtenu un «oui» unanime et immédiat.

«Les motions n’ont pas à passer à travers les mêmes étapes qu’un projet de loi, explique le ministère des Affaires francophones. C’est pourquoi nous sommes présentement à l’étape de prendre connaissance et d’étudier le projet de loi du député Bourgouin, en attendant qu’il passe en deuxième lecture, alors que nous avons adopté à l’unanimité la motion de la députée Collard le même jour qu’elle a été proposée.»

Effectivement, une motion peut être adoptée bien plus rapidement qu’un projet de loi, qui doit généralement être lu et débattu à trois reprises avant que les élus passent au vote.

Mais rien n’empêche les députés ou les ministres de donner leur opinion sur un projet de loi, peu importe par qui il a été déposé. 

«Ce serait une bonne manière pour le gouvernement conservateur de rectifier le tir face au Règlement 17, d’avouer que c’était une erreur et de reconnaitre les efforts des sœurs Desloges et de la communauté franco-ontarienne», conclut Guy Bourgouin.