Comme plusieurs services aux francophones, le Centre de counselling de Sudbury est né pour combler un besoin presque inexistant dans cette langue. Pendant les dix premières années de son existence, les services de consultation du Service familial de Sudbury — son nom original — étaient entièrement assurés par des bénévoles.
Historique
Le Service familial est l’idée de Guy Boulard. Ce juge à la cour familiale de Sudbury, était témoin des besoins, mais aussi du manque de ressources, surtout pour les familles francophones qui ne parlaient pas ou peu anglais.
«Il faut se rappeler qu’à cette époque-là, il n’y avait pas de loi sur les services en français en Ontario, il n’y avait pas de service spécifique pour la communauté francophone», explique Richard Carrière, qui a rejoint le Service familial en 1973. «Par contre, il y avait dans différentes agences des francophones qui y travaillaient. Mais dans la plupart des boites, on travaillait en anglais.»
Guy Boulard a recruté l’aide du gérant de la Caisse populaire St-Jean-de-Brébeuf, Arthur Pharand, le père Lacoursière, curé de paroisse St-Jean-de-Brébeuf, l’évêque du diocèse de Sault-Ste-Marie, Mgr Roger Dépatie, Richard Pharand et Donald Dennie.
Donald Dennie était de retour à Sudbury après un séjour à Ottawa à l’époque. Il raconte avoir surtout aidé au recrutement des premiers bénévoles pour les consultations et le conseil d’administration. «Au départ, c’était seulement des bénévoles qui offraient le counselling, suite à une couple de fins de semaine d’entrainement par le père Julien Mercure.»
«Le conseil [d’administration] avait des gens pas mal impliqués dans la communauté», se rappelle Donald Dennie. Surtout des gens «du Moulin à Fleur et un peu de l’extérieur qui avaient de l’expertise au niveau du counselling». Sans surprise, surtout des femmes.
La première coordonnatrice, Sœur Thérèse de Sœurs grises de la Croix, travaillait aussi bénévolement. Donald Dennie se souvient aussi que le père André Morin, devenu curé de la paroisse St-Jean-de-Brébeuf, travaillait tous les jours au centre.
La publicité pour les services se faisait principalement par les bulletins paroissiaux et le réseau des Caisses populaires.

Premières difficultés financières
Malgré la bonne volonté et le bénévolat de ses intervenants, le Service familial avait besoin d’argent pour fonctionner. Un prêt de 1000 $ avait permis d’ouvrir les portes, mais le centre était par la suite dépendant des dons.
En 1972-1973, le centre avait fonctionné avec un budget de 4700 $. Dans un article du journal Le Voyageur du 11 avril 1973, on peut lire que le centre est en difficulté financière deux ans après son ouverture :
«Le Service familial de Sudbury, qui procure des services de counselling aux familles et individus de la région depuis près de deux ans, connait présentement des difficultés financières. À moins de recevoir un appui financier sous peu, le Service se verra obligé de fermer ses portes dans un avenir rapproché.
«C’est la conclusion à laquelle sont arrivés les membres du bureau de direction du Service lors de leur dernière réunion. Ils ont décidé de lancer un appel au public en espérant que certaines négociations avec les divers paliers de gouvernement seront couronnées de succès.
«Depuis son ouverture en 1971, le Service a aidé plus de 400 familles, couples mariés ou individus qui éprouvaient des difficultés dans leurs relations familiales ou maritales. Pour ce faire, le Service a mis à leur disposition des personnes bénévoles qui ont essayé de leur venir en aide. Depuis son inauguration, le Service a procuré cette aide gratuitement.»
Le fait que le Service familial, devenu le Centre de Counselling en 2008, fête ses 50 ans, prouve qu’ils ont traversé cette épreuve.
Donald Dennie est d’autant plus impressionné qu’un petit service géré à ses débuts seulement par des bénévoles soit encore ouvert 50 ans plus tard.
Sous l’église
Les premiers locaux ont été fournis gratuitement par la paroisse. Dans le sous-sol de l’église St-Jean-de-Brébeuf, il y avait un vestibule, un bureau pour la coordonnatrice et deux salles de consultation.
Un menuisier à la retraite du Moulin à Fleur, Henri Lapalme, avait aménagé gratuitement les locaux.
En 1979, Richard Carrière, alors bénévole, a été un des premiers curieux sur les lieux de l’incendie criminel de l’église St-Jean-de-Brébeuf. Observant la scène, il se rappelle soudainement que les dossiers des clients du Service familial sont au sous-sol. Il se précipite à l’intérieur pour les récupérer. «Je pensais que le feu était en avant de l’église, mais non, il était au-dessous de ma tête.» Il est tout de même parvenu à sortir les dossiers, une pile à la fois, en les mettant dans sa voiture. «Quand t’es jeune, tu fais des folies comme ça.»

Vers le professionnalisme
Richard Carrière travaillait pour l’aide à l’enfance au début des années 1970 quand il a découvert l’existence du Service familial. «C’était propice pour moi de rencontrer certaines des familles ou des enfants avec lesquels je travaillais ici plutôt que de leur demander de se déplacer de l’autre bord de la ville pour me rencontrer au bureau de l’aide à l’enfance.»
Lorsqu’il est devenu professeur à l’école de service social de l’Université Laurentienne, il a poursuivi son engagement bénévole auprès du service. Aussi bien comme conseiller qu’au sein du conseil d’administration.
C’est entre autres grâce à lui que le lien entre le centre et l’université s’est créé. Le centre est devenu un endroit pour accueillir des étudiants francophones pour des stages en français. «Lorsque le service est devenu professionnel, plusieurs de nos diplômés ont travaillé pour le Service familial. D’ailleurs, les premiers directeurs, entre autres Michel Smith et Pierre Quesnel, étaient de nos diplômés.»
La transformation du centre bénévole vers un centre financé par le gouvernement est survenue en 1981. En tant que président du conseil, Richard Carrière a rédigé une demande de financement auprès du ministère des Services sociaux et communautaires avec l’aide de Marie Lévesque.
Grâce au financement, ils ont pu embaucher un directeur général, une conseillère et une secrétaire/réceptionniste à temps plein en octobre 1981.
«Il ne faudrait pas le dire au ministère, mais la demande que nous avions faite à l’époque, c’était pour trois ans de financement. Avec l’idée que les trois professionnels seraient là pour encadrer les bénévoles. Heureusement, le financement continue», raconte M. Carrière.
Le Voyageur présentera deux autres textes cette année pour souligner les 50 ans du Centre de counselling de Sudbury. Visitez https://www.counsellingccs.com apprendre davantage sur son anniversaire et ses services.
