Les cinq plus grandes compagnies minières du monde — BHP, Rio Tinto, Vale, Glencore, Anglo-American — font face à des problèmes environnementaux liés aux changements climatiques. Depuis plusieurs années, toutes ont adopté des plans visant à réduire leur empreinte carbone et ont dépensé d’importantes sommes pour modifier leurs opérations. Mais un article paru récemment dans le Globe and Mail indique que ces changements ne sont toujours pas rentables sur les marchés boursiers. Ce qui les rend vulnérables à des prises de contrôle.
Les coupables dans tout ça, ce sont les gros investisseurs. Dans le monde de l’investissement, plusieurs gros joueurs ont adopté des politiques favorisant les compagnies dites vertes. Du point de vue environnemental, il faut évidemment louer ces initiatives, mais elles causent des maux de tête aux minières.
Le problème est ce qu’on appelle en jargon environnemental les émissions Scope 3. Les Scopes regroupent les trois niveaux d’émissions de gaz à effets de serre (GES). Le Scope 1 représente les émissions de GES directement liées à la fabrication d’un produit. Le Scope 2 représente plutôt les émissions indirectes des opérations, comme la consommation énergétique nécessaire à la production. Le Scope 3 inclut les émanations de GES produites par les autres étapes suivies par le produit. Par exemple, le Scope 3 force une minière qui extrait du minerai de fer à calculer les GES produit par ce métal lorsqu’il est transformé dans une aciérie.
Toutes les grandes minières, sauf Glencore, extraient du minerai de fer et le vendent à des aciéries qu’elles ne contrôlent pas. Les investisseurs calculent cependant les émanations de ces aciéries comme étant de la pollution Scope 3 des minières et hésitent donc à y investir. Les minières ont donc une évaluation boursière de 2,5 à 4 fois leur valeur d’entreprise, alors que les chouchous des investisseurs verts, comme Tesla, jouissent d’une évaluation de 70 fois leur valeur.
Certains pourraient dire que la valeur boursière des minières n’est pas importante pour des villes minières comme Sudbury et Timmins, mais détrompez-vous. Une valeur importante permet à une compagnie de prélever des fonds sur les marchés boursiers. Ces fonds peuvent servir à l’expansion d’une mine ou encore à l’exploration qui pourrait mener à l’ouverture de nouvelles mines.
Le plus grand danger lié à la sous-évaluation d’une société minière relève cependant de la concurrence. Une minière sous-évaluée peut être l’objet d’une prise de contrôle. Nous savons tous que des compagnies comme Nexen ou China Minerals Mining Corporation, qui jouissent d’un financement illimité du gouvernement chinois, sont à l’affut d’aubaines. Et nous savons aussi que le contrôle des ressources mondiales est un des principaux buts de la Chine.
Alors, posez-vous la question. Aimeriez-vous vivre dans une ville où une des principales industries appartient directement ou indirectement à la Chine?
Il est clair que les minières doivent maintenant trouver des solutions aux émissions Scope 3. Certaines envisagent de se débarrasser de leurs mines de minerai de fer, d’autres pensent plutôt à former des consortiums avec des aciéries afin de pouvoir influencer leurs effets environnementaux. Mais il est aussi évident que les autorités environnementales doivent aussi cesser de pénaliser des compagnies pour les méfaits de leurs clients.