Ça fait maintenant plus d’une semaine que les travailleurs de Vale à Sudbury ont déclenché une grève. Fidèles à leur slogan «Pas de contrat, pas de travail», les 2400 employés ont dressé des piquets de grève à minuit le 1er juin, moment où la précédente entente se terminait. Le syndicat des Métallos qui les représente et la compagnie sont immédiatement retournés à la table des négociations et, depuis, c’est motus et bouche cousue dans les médias locaux.
C’est vrai qu’il est difficile pour les médias de parler d’une grève quand les deux parties ne disent rien. Et c’est comprenable qu’elles ne veulent rien dire qui risquerait de faire achopper les négociations. Il est aussi bien compliqué de prendre position, mais il y a cependant certaines questions que les médias, en tant que joueurs importants de la communauté, sont en droit de poser.
Questions aux deux parties : Pourquoi tenter de négocier un contrat de cinq ans quand nous sommes encore aux prises avec une pandémie qui a chamboulé le monde entier et qu’une éventuelle reprise économique est encore floue? Ne serait-il pas plus intelligent de vous entendre sur un contrat de deux ans, le temps que l’incertitude économique s’estompe?
Question aux syndiqués : Vous propagez actuellement une rumeur selon laquelle Vale aurait reçu des dizaines de millions de dollars en subvention gouvernementale liées à la COVID-19. D’où tenez-vous cette information et pourquoi ne rendez-vous pas ces chiffres publics?
Questions à l’employeur : Le site de l’Agence du revenu du Canada indique que vous avez reçu des subventions salariales liées à la COVID-19. De combien avez-vous bénéficié? Vos résultats financiers indiquent des profits mondiaux en 2020 et au premier semestre de 2021. Ils démontrent aussi que ces profits ont été principalement générés par deux produits, le nickel et le manganèse. Combien de ces profits sont générés au Canada?
Sans régler le conflit actuel, des réponses à ses questions permettraient à notre communauté de mieux juger du bienfondé des positions respectives des deux parties.
La question fondamentale pour notre communauté est cependant comment une grève de 2400 travailleurs bien payés affecte-t-elle notre économie locale? Un rapide calcul basé sur une rémunération individuelle de 90 000 $ par année indique qu’un mois de grève soustrait 18 millions $ à l’économie locale. Voilà une perte étourdissante qu’une ville de taille moyenne comme Sudbury ne pourra pas endurer bien longtemps. Surtout après la perte de près de 170 emplois à la Laurentienne. Pourtant, nos dirigeants sont d’un silence assourdissant.
Depuis les débuts de l’extraction minière à Sudbury, notre communauté a subi plusieurs grèves ou lockouts. Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous affectés par ces arrêts de travail et par les pertes économiques qui s’ensuivent. Pourtant nous n’avons pas un mot à dire. Il serait peut-être temps que tous ceux qui sont touchés par ces contrecoups financiers élèvent la voix pour réclamer de nouvelles façons de régler les conflits de travail.