Avec une nouvelle directrice générale, une partie de son personnel renouvelé et une nouvelle image de marque, l’organisme provincial Parents partenaires en éducation (PPE) se dit prêt à affronter les défis à venir dans le domaine de l’éducation. Le congrès annuel du 27 au 29 mai a permis de mettre la table pour plusieurs champs de questionnement, dont celui de la littéracie financière.
Le concept des comités consultatifs régionaux (voir Voyageur du 26 mai) a été présenté lors du précongrès du jeudi soir. Ce n’était qu’une première discussion, promet la directrice générale de l’organisme, Julie Béchard. PPE s’engage à poursuivre la discussion et la conversation avec les partenaires qui seront appelés à y participer.

Au cours des prochaines années, PPE poursuivra ses recherches pour déterminer les priorités des parents et solidifier leurs structures de consultation.
Préparer l’éducation financière
L’un des grands chantiers des années à venir sera l’éducation financière, aussi bien des élèves que des parents. Après l’annonce du gouvernement provincial que l’éducation financière serait intégrée au curriculum des élèves de la 4e à la 12e année, PPE a entrepris une recherche pour évaluer le niveau de compréhension et les besoins des parents. Après tout, pour pouvoir aider les enfants dans leur apprentissage, les parents ont besoin des mêmes connaissances.
Cette recherche a été menée par Fayza Abdallaoui, fondatrice de Next Level Impact Consulting et enseignante en leadeurship et en gestion au Collège Boréal.
Selon les résultats, Fayza Abdallaoui affirme que les besoins changent selon le statut social des répondants. Si toutes les réponses sont mises ensemble, la planification de la retraite est le premier sujet pour lequel les répondants disent avoir besoin de renseignement. Suit la gestion d’un budget puis la planification des études postsecondaires pour les enfants.
Par contre, les résultats sont légèrement différents pour les parents qui sont nés à l’extérieur du Canada. Pour eux, la gestion du budget est en première place, suivie par la planification de la retraite puis des droits des consommateurs. Mme Abdallaoui rappelle que les lois dans les pays d’origine des immigrants sont différentes et qu’ils ont tout un nouveau système à apprendre au Canada, en particulier en ce qui a trait à la succession.
La pandémie l’a forcé à considérer un troisième groupe : les familles qui ont vu leur situation financière se dégrader dû au confinement. Dans leur cas, l’ordre de leurs priorités était la gestion du budget, la planification des études, la planification de la retraite et comment parler d’argent avec ses enfants. Pendant les entrevues, des parents lui ont raconté qu’ils avaient dû dire «non» à leurs enfants pour une première fois.

«Ces éléments de réponse peuvent guider les acteurs de l’éducation pour savoir quelles informations partager», dit Fayza Abdallaoui. Il y a par contre une difficulté : les familles ont souvent peu de temps à consacrer à cet apprentissage ou à la gestion elle-même. De là l’intérêt de donner la bonne information au bon moment.
Au-delà de ces priorités, la liste des sujets à enseigner reste longue. Elle va de l’épargne pour un fonds d’urgence à la recherche de services et de ressources en français, en passant par la fiscalité, les taxes, les assurances, le contexte économique, comment gérer son crédit…
La chercheuse reconnait que les résultats s’appuient sur un échantillon de convenance non représentatif, mais qu’ils donnent tout de même des pistes de solutions. Ses 220 répondants comptaient 87,22 % de femmes. Trois sur cinq étaient âgés entre 36 et 45 ans. Un peu plus de 92 % se sont dits francophones, 78 % étaient des citoyens canadiens et 17 % des résidents permanents. Parmi eux, 42 % étaient nés en Ontario, 13 % au Québec et 33 % dans un autre pays. Elle a également pu rejoindre des parents dans tous les conseils scolaires francophones de l’Ontario.
Niveau de connaissance
Ses répondants se croient moins connaissants que la moyenne canadienne. En 2017, 60 % des répondants à un test de connaissances financières l’ont échoué. Pourtant, 80 % avaient dit posséder de bonnes connaissances financières.
Dans le cas de la recherche de Fayza Abdallaoui, 12 % des répondants ont dit avoir une très bonne connaissance, 43 % une bonne connaissance, 33 % des connaissances élémentaires et 12 % peu de connaissances financières.
Le domaine des finances personnelles est plus vaste que la tenue d’un budget. Au-delà des lois, Fayza Abdallaoui indique qu’il y a beaucoup de facteurs à prendre en considération. Les connaissances et les perceptions d’une personne peuvent être influencées par son statut social et la discrimination qui peut en résulter, par la connaissance de soi ou de son couple, par l’histoire de sa culture ou de sa famille, par ses rêves et ses projets…
Recommandations
«La capacité de faire un budget a été déterminée comme étant l’élément principal pour assurer la sécurité financière», avance Fayza Abdallaoui. En fait, 91,85 % des répondants considèrent qu’il est important, très important ou extrêmement important et urgent de recevoir cette éducation.
Les recommandations de la chercheuse vont dans cette direction. Elle encourage plus de communications sur les finances personnelles de la part de Parents partenaires en éducation. Elle suggère notamment de prioriser les groupes plus vulnérables et le développement de réseaux d’information et de soutien de même que d’inclure cet enseignement dans le parcours d’établissement des nouveaux arrivants, entre autres.
Elle encourage aussi l’augmentation des services en français dans les établissements financiers et la sensibilisation des francophones autour des enjeux économiques et sociaux pour assurer l’épanouissement économique, financier et culturel de cette minorité.
Pour donner l’exemple, Fayza Abdallaoui offre deux ateliers en juin. Le 3 juin, c’était sur l’épanouissement financier et la gestion de la dette. Le 19 juin à 11 h 30, ce sera sur l’épanouissement financier des jeunes femmes (https://www.eventbrite.com/e/157328318235).