La revendication est une constante pour les Franco-Ontariens. Le contrôle de leur éducation en est souvent le sujet. Des universités de langues françaises ont existé en Ontario, mais le modèle bilingue a été adopté puisqu’il représentait les idéaux du bilinguisme canadien.
En 1973, le premier colloque Franco-Parole revendique une meilleure représentation des francophones au sein de l’une de ces universités bilingues : l’Université Laurentienne à Sudbury.
En 1991, Franco-Parole II revendique une université de langue française dirigée par les Franco-Ontariens. Les collèges et les conseils scolaires de langue française seront créés successivement avant la fin de cette décennie, mais pas d’université.
Février 2021, l’Université Laurentienne se place sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers. Le 12 avril, elle efface bon nombre de ses programmes et met à pied près de 100 professeurs. Anglophones et francophones sont touchés, mais les francophones dans une proportion plus importante.
La Laurentienne met également fin à l’entente de la Fédération de l’Université Laurentienne, laissant sans ressources ses trois universités fédérées, dont l’Université de Sudbury. Quelques semaines plus tôt, cette université bilingue — mais fondée pour les francophones à ses débuts — avait annoncé qu’elle allait devenir une université laïque, par, pour et avec les francophones.
Franco-Parole III se déroule dans un contexte bien différent des deux premiers. Les francophones contrôlent leur éducation primaire, secondaire, collégiale et même universitaire avec la nouvelle Université de l’Ontario français dans le Sud et la nouvellement indépendante Université de Hearst plus au Nord. Il reste cependant un trou béant à Sudbury, lieu des premières revendications.
L’Université de Sudbury a planté le drapeau franco-ontarien dans l’abime, mais la réponse des gouvernements se fait toujours attendre.
L’Université libre du Nouvel-Ontario (ULNO) est née dans la tourmente. Une université populaire imaginée par le professeur d’histoire Serge Miville — une des victimes des restructurations de la Laurentienne — pour démocratiser le savoir, pour réfléchir le projet d’université de langue française et donner des indices sur la voie à suivre. Franco-Parole III a été organisé par l’ULNO pour réaliser cet objectif.
Une semaine avant le colloque, Serge Miville a été nommé recteur de l’Université de Sudbury. Dans son discours d’ouverture, il rappelle que Franco-Parole III est un «un colloque engagé qui est d’une importance capitale pour l’avenir de l’éducation universitaire de langue française à l’échelle de la francophonie canadienne.»