La semaine dernière, le Canada marquait le 15e anniversaire de la Journée nationale des peuples autochtones. Cette semaine, nous célèbrerons le 154e anniversaire du Canada. Entretemps, une découverte macabre est venue entacher ces deux célébrations. La découverte de 751 tombes non identifiées sur le terrain d’une école résidentielle autochtone en Saskatchewan assombrit notre histoire.
La question des pensionnats autochtones n’est pas la seule abomination dans la relation Premières Nations-Canada, mais elle est certainement celle qui fait le plus mal. Parce qu’il s’agit de la maltraitance d’enfants.
Déjà en 2019, on avait découvert une centaine de ces sépultures non marquées près d’une école résidentielle à Brandon, au Manitoba. Et en mai dernier, on en trouvait 215 près de Kamloops en Colombie-Britannique. Et ce n’est malheureusement pas terminé.
Les pensionnats autochtones ont existé de 1870 à 1996. La Commission de Vérité et de Réconciliation en a étudié 138 lors de ses travaux entre 2007 et 2015. Des 6500 témoignages qu’elle a entendus, plusieurs faisaient état de maltraitance, de malnutrition, de sévices sexuels, de maladies et de décès dans ces écoles. Les récentes découvertes en sont la preuve et les Canadiens veulent maintenant connaitre la vérité. Tout indique qu’elle ne sera pas reluisante.
Le gouvernement fédéral a déjà budgété 27 millions $ pour financer les recherches de sépultures auprès d’autres pensionnats. Mais certains estiment qu’il en coutera plutôt des milliards. Cette dépense est cependant bien peu quand on compare à ce que les pensionnats ont infligé aux peuples autochtones. La perte de milliers d’enfants décédés est évidemment la plus cruelle exaction, mais n’oublions pas les dégâts psychologiques et sociaux qu’une politique de génocide culturel — le mot culturel est peut-être de trop ici — a pu causer aux autochtones.
Avoir une certaine compassion est bien, mais, en tant que descendants de ceux qui ont causé ces malheurs, il nous faudra en faire pas mal plus pour nous racheter. Bien sûr, ce n’est pas nous qui avons mis en œuvre la politique génocidaire des pensionnats autochtones, mais ce sont nos ancêtres qui ont élu les politiciens qui l’ont fait. Et nous vivons aujourd’hui avec les descendants de ceux qui en ont subi l’horreur. Nous leur devons réparation.
Le financement de recherches afin de découvrir, d’identifier et de restituer les restes d’enfants inhumés près des écoles est un premier pas, mais nous ne pouvons arrêter là. Il y a au Canada des dizaines de réclamations territoriales autochtones qui languissent devant les tribunaux depuis des décennies. Nous devons les régler au plus vite.
Il y a d’autres causes judiciaires qui devraient nous faire honte. Ici même, dans la région de Sudbury, les membres des nations couvertes par le traité Robinson-Huron de 1870 continuent de recevoir 4 $ par année en guise de compensation pour les territoires cédés. Pourtant, le traité dit bien que cette somme devait être augmentée au cours des années. Il est tristement risible que nos gouvernements aient porté cette cause devant les tribunaux.
Mais le changement le plus important que nous devons amorcer dépend de chaque individu. En tant que descendants des colonisateurs qui ont commis des atrocités, nous nous devons de revoir notre propre relation avec nos voisins autochtones. La réconciliation doit passer par nos cœurs ou elle ne sera pas.