En 1961 naissait Le Canadien de l’Ontario Nord, un journal francophone hebdomadaire qui avait comme objectif d’informer les francophones de Hearst à Cochrane. L’aventure a cependant été de très courte durée.
Jean Rozon résidait à Cochrane à cette époque et, en raison de sa passion pour la langue française, il a été approché par Léo Gauthier afin d’investir dans le projet. M. Gauthier était inspecteur d’écoles de la région de Cochrane à l’époque. Il faisait partie d’un groupe qui rêvait de la création d’un journal francophone depuis quelque temps.
M. Rozon y a investi ses quelques économies. D’autres ont donné des montants importants pour acheter une imprimante rotative dernier cri à Toronto au cout d’environ 10 000 $; ou 90 636 $ aujourd’hui. «Ça tranchait entre l’existant et le nouveau en termes de netteté et de clarté des photos», note-t-il.

Deux personnes avaient été embauchées et étaient payées à commission pour parcourir le territoire afin de recueillir annonceurs et nouvelles. «C’est comme ça qu’on rayonnait un peu partout et qu’un créait un intérêt un peu partout», dit l’ancien investisseur.
Jean Rozon ainsi que Trefflé Mercier ont également donné un coup de main à la rédaction de chroniques et d’articles lorsque les sujets manquaient. D’ailleurs, après Le Canadien de l’Ontario Nord, M. Rozon a été correspondant pour le journal Le Droit dans la région.
La limite des bonnes intentions
«Quand on fait le postmortem, on s’aperçoit qu’il y avait des idées qui sortaient de Cochrane, il y avait des idées qui sortaient de Kapuskasing, d’autres de Hearst. Mais ce n’était jamais consolidé. Alors c’est peut-être là que le leadeurship a manqué», raconte Jean Rozon.
Il comprend cependant que l’aventure était menée par des bénévoles bien intentionnés qui n’avaient simplement aucune expérience dans le domaine. Il croit que les choses auraient pu être différentes s’ils avaient rentabilisé davantage l’imprimante en offrant un service d’impression.

Finalement, à court d’argent, l’équipe prend la décision le 4 juin 1962 de cesser la production. Pas tout à fait un an après le lancement. Quelques numéros supplémentaires seront produits, comme en témoigne la photo ci-jointe, mais l’imprimante sera éventuellement retournée à Toronto.
L’histoire du Nord-Est de l’Ontario est parsemée de journaux qui ont eu des vies plus ou moins courtes. Le Voyageur a lui-même été précédé par L’Information et L’Ami du peuple.