le Lundi 27 mars 2023
le Mercredi 15 décembre 2021 15:54 Économie et finances

Une pénurie de chauffeurs de camion comme on n’a jamais vue

  Photo : Shutterstock
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Faire de longs trajets loin de leurs familles, toucher un salaire moins alléchant… Ce sont quelques-unes des raisons qui expliqueraient la pénurie de camionneurs qui pèse sur les compagnies de transport dans le Nord de l’Ontario. Les yeux sont tournés vers les établissements de formation ayant un programme de camionnage pour intéresser et former surtout les jeunes à cette profession importante pour l’économique.

Ce sont notamment les moyennes et petites industries qui tirent la sonnette d’alarme. Elles font face à un grand problème de manque de conducteurs de camions depuis plusieurs mois. 

La compagnie d’exploitation forestière H&R Fabris d’Elliot Lake est aux prises avec cette situation : «Nous avons des problèmes à trouver des camionneurs expérimentés. Même ceux-là sans expérience, on n’en a pas beaucoup», déplore son gestionnaire Antoine René Fabris. 

Faute de chauffeurs, la compagnie n’a pas pu écouler tous ses produits. «L’année passée, deux de nos camions sont restés stationnés presque tout l’été parce que nous n’avions pas de conducteurs», ajoute le gestionnaire.

La conduite de camion attire moins

Conduire un camion, comme l’explique René Fabris, c’est un travail difficile. Il exige de longues heures de route et offrir un salaire compétitif peut être difficile. «Nous faisons compétition avec d’autres industries qui payent plus cher. Il est difficile de faire compétition avec les salaires proposés dans les milieux miniers par exemple. Les chauffeurs préfèrent les mines, là, ils ont un salaire élevé. Mais là aussi, même s’ils paient mieux, ils peinent à trouver assez de camionneurs. Conduire un camion n’attire pas beaucoup de gens. C’est stressant. Il faut faire de longs trajets», fait remarquer René Fabris. 

«Quand on est camionneur, poursuit-il, on a une grande responsabilité, on a un poids lourd. Il faut faire attention à ceux qui sont autour de vous. Dans le Nord, ce n’est pas aussi grave que dans le sud de la province, mais quand on est en circulation et que l’on conduit un véhicule de 60 tonnes, c’est stressant. Si on va conduire dans les villes, c’est encore pire.»

Le Collège Boréal voudrait y remédier

Le nombre insuffisant de conducteurs de camions est un fait. Pour contribuer à y trouver une solution, le Collège Boréal a ouvert, en 2017, un programme de camionnage. Les cours sont donnés en français et en anglais à Sudbury et à Timmins. 

La directrice du développement des affaires au Collège Boréal, Julie Nadeau, a confié au Voyageur que le programme de camionnage du Collège met l’accent sur la sécurité et la responsabilité des camionneurs. Ils viennent de former 200 étudiants en quatre ans. «Il y a des entreprises qui communiquent régulièrement avec le Collège. Ils y passent, à la recherche de diplômés, et certains étudiants reçoivent des offres avant même de terminer le programme», révèle-t-elle.

«Le Collège Boréal tient à fournir à chacun de ses étudiants et étudiantes la formation en conduite de camion qu’il lui faut, non seulement pour réussir au test routier du ministère des Transports, mais aussi pour devenir un membre prisé du personnel des entreprises de camionnage dans l’industrie du transport», lit-on sur le site web de ce Collège. 

En attendant que ce Collège et d’autres centres de formation fournissent des chauffeurs en nombre suffisant, le gestionnaire de la compagnie H&R Fabris reste un peu sceptique quant à la résolution définitive du problème : «Des écoles de formation pour les camionneurs, il y en a dans le Nord. Mais la tendance est qu’aussitôt les gens sont formés, ils vont travailler ailleurs où ils sont mieux payés. Cela fait plus de 50 ans que nous avons des camions sur la route, mais on n’avait jamais connu une pénurie en chauffeurs de camion comme c’est le cas aujourd’hui», conclut-il.