le Lundi 27 mars 2023
le Lundi 10 janvier 2022 16:12 Courrier des lecteurs

L’école virtuelle… mais à quel prix?

Les enfants d'Isabelle Carignan sont à la tâche malgré la déception. — Photos : Isabelle Carignan
Les enfants d'Isabelle Carignan sont à la tâche malgré la déception.
Photos : Isabelle Carignan

Depuis le début de la pandémie mondiale de COVID-19, comme parents, à chaque rentrée scolaire ou à chaque rentrée après le congé des Fêtes, c’est la même peur au ventre qui revient depuis deux ans… les enfants retourneront-ils à l’école, en virtuel?

Pendant les Fêtes, malgré la hausse faramineuse des cas de COVID-19 partout au Canada, nous étions tous un peu dans le déni en nous disant que non, les enfants allaient retourner à l’école…

C’est ce qui était prévu au départ. Retour à l’école : le 3 janvier. Ensuite, la rentrée a été reportée de deux jours. Mais finalement, l’épée de Damoclès qui nous pend constamment au-dessus de la tête est encore tombée en ce 3 janvier 2022 : l’école virtuelle synchrone reprend au moins jusqu’au 17 janvier. Nous savons très bien que cette date provisoire sera peut-être reportée, à notre grand désespoir. 

Combien de temps notre santé mentale va-t-elle pouvoir supporter l’insupportable? 

Les parents, les enseignants — et surtout les enfants — ont déjà vécu huit mois d’école virtuelle au total en 2020 et en 2021. L’Ontario est la province qui a dispensé le plus d’enseignement virtuel à travers le Canada. Shannon Proudfoot écrivait dans le Macleans du 5 janvier 2022 : «[L’école virtuelle est] un exercice d’équilibre impossible qui ruine les enfants et les parents. Et ce n’est pas correct» (traduction libre).

Quand une des mamans a annoncé à ses enfants le retour de l’école virtuelle, ceux-ci ont éclaté en sanglots. Comme parents, particulièrement comme mères, nous nous sentions certainement toutes de cette façon. Mais nous devons être fortes pour eux même si, au fond de nous, nous avons envie de tout casser et de tout lancer par la fenêtre…

Qui encore va prendre en charge toute la logistique de l’apprentissage en ligne? Qui va régler les problèmes techniques? Qui va encore se prendre la tête avec la plateforme Google Classroom? Qui va devoir concilier et superposer famille, école virtuelle et travail? Les parents. 

Mais surtout les mères. Une des mères devra encore mettre en veille son travail et accumuler du retard pour s’occuper de ses cocos alors que papa travaillera à l’hôpital et va espérer de ne pas ramener la foutue COVID à la maison à cause du trop haut taux d’hospitalisation des personnes non vaccinées. 

À l’université, la situation n’est guère plus facile. Plusieurs étudiants sont également parents et se retrouvent dans un logement souvent trop petit pour accommoder deux, trois même quatre enfants et, parfois même, un conjoint, chacun à l’ordinateur et avec des problèmes techniques fréquents. 

On n’a qu’à poser une question à un étudiant pendant un cours pour se rendre compte de la cacophonie dans laquelle il suit le cours. Avec le chien qui aboie, le téléphone qui sonne, les enfants qui parlent en arrière-plan, la question n’est plus est-ce qu’ils comprennent, mais plutôt est-ce qu’ils entendent? 

D’autres étudiants n’ont pas accès à un portable «à jour» ou n’ont pas accès à un réseau internet haute vitesse à la maison. Quand tout ce beau monde est sur internet en même temps et que la bande passante est trop faible, la connexion est trop souvent interrompue et les étudiants en manquent de grands bouts.

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À quand une démocratie qui permettra aux gens vaccinés, ceux qui ont compris que les avantages du vaccin l’emportent sur les risques et qui ne pensent pas qu’à leurs droits et à leur petit nombril, de vivre pleinement leur vie? Depuis près de deux ans, les mesures sanitaires sont respectées à la lettre dans nos familles et tout le monde est vacciné, même les enfants! Et pour quoi au juste? Pour que tout le monde soit traité de la même façon? Vacciné ou non? Où est la justice sociale?

Certains pays demandent aux patients de payer pour leurs soins de santé à l’hôpital s’ils ne sont pas vaccinés. D’autres demandent le passeport vaccinal pour tout (supermarchés, pharmacies, centres commerciaux, etc.) sauf pour aller à l’hôpital. 

En France, le président de la République, Emmanuel Macron, a mentionné : «Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder […] Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire, […] vous ne pourrez plus aller au restau, […] vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné…» Alors qu’on fasse la même chose ici.

Si les personnes vaccinées continuent d’avoir les mêmes droits que les personnes non vaccinées, nous n’allons jamais nous sortir de ce cercle vicieux. 

Pour rentrer à la garderie ou à l’école, nous devons, comme parents, nous assurer que nos enfants soient adéquatement vaccinés. Alors, pourquoi ne pas imposer le vaccin contre la COVID-19 à tous pour des raisons de santé publique mondiale? Que les enfants vaccinés et les enseignants vaccinés aillent à l’école, en personne. Pour les autres, restez chez vous et profitez de l’école virtuelle à votre guise!

Nous devrons apprendre, un jour ou l’autre, à vivre avec le virus. Mais avant d’en arriver à ce stade, il faudra que les gens prennent leurs responsabilités et arrêtent de penser à leur petite personne en se faisant vacciner. C’est juste le gros bon sens et la responsabilité individuelle de chaque citoyen. Sinon, ce tourbillon infernal va continuer et nous allons certainement y laisser notre santé mentale et… celle de nos enfants.

Isabelle Carignan, mère de deux enfants au primaire qui font l’école virtuelle. Professeure titulaire à l’Université TÉLUQ et professeure associée à l’Université Laurentienne et à l’Université de Sudbury 

Louise Bourgeois, ancienne enseignante et chargée de cours à l’Université Laurentienne

Ginette Roberge, mère de trois enfants qui font l’école virtuelle, au primaire et au secondaire, ancienne enseignante et directrice de l’École des sciences de l’éducation de l’Université Laurentienne