le Dimanche 28 mai 2023
le Mercredi 16 février 2022 15:51 | mis à jour le 16 février 2022 20:12 Éducation

Éducation universitaire : Privés de choix

Les options d'études universitaire sont limitées pour les jeunes Franco-Ontariens du Moyen-Nord. — Photo : Shutterstock
Les options d'études universitaire sont limitées pour les jeunes Franco-Ontariens du Moyen-Nord.
Photo : Shutterstock
Moyen-Nord — Pour quelques jeunes Franco-Ontariens, les perspectives d’études universitaires en français en Ontario ne sont pas inspirantes. Ce qui les intéresse n’est plus offert à Sudbury, s’exiler à Toronto ou Ottawa n’est pas un choix plus intéressant. Il ne leur reste qu’un seul espoir.

Emma Rose Smith et Chloé Leblanc, deux élèves de 11e année du Moyen-Nord de l’Ontario, ont observé de loin ce qui se passe à l’Université Laurentienne.

Des membres de la famille d’Emma Rose Smith, qui fréquente l’École secondaire catholique Algonquin de North Bay, font partie de ceux qui ont perdu leur programme d’études en français à la Laurentienne. «J’ai trouvé ça extrêmement attristant. J’avais déjà considérée aller à la Laurentienne, mais les programmes qu’ils offrent m’intéressent moyennement.»

L’élève de l’École secondaire catholique Sacré-Cœur, Chloé Leblanc, se sent privée de choix. «Ça m’a vraiment fait un choc, parce que la plupart des programmes qu’ils ont coupés, c’étaient des programmes qui m’intéressaient.»

L’élève de 11e année, Chloe Leblanc

Photo : Courtoisie

Étudier pour l’avenir

Les deux élèves ont des attentes relativement simples pour leurs études postsecondaires : étudier en français aussi près que possible de leur famille.

Chloé Leblanc, demeure à Rivière des Français. Pour elle, Sudbury c’est sa cour arrière, la grande ville. Ottawa n’est pas une option qui l’intéresse.

«Aller à l’université en français, c’est une grosse affaire pour moi. Pas juste pour le côté éducation, mais pour les compétences personnelles que tu développes et la vie étudiante; d’être capable de faire tout ça en français, ou avoir l’option, c’est un aspect que je veux avoir à mon institution postsecondaire», dit la future étudiante.

Elle ajoute : «Quand on n’a pas vraiment le choix ou l’option d’étudier dans notre langue maternelle, comment est-ce qu’on va garder cette langue-là dans notre culture?»

«J’ai été élevé en français, commence Emma Rose Smith. Toute ma famille est francophone. C’est la langue qui me tient à cœur. Étudier en anglais ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse.» Pour l’élève, étudier en français veut aussi dire partager son temps avec d’autres étudiants qui ont le même intérêt de préserver la langue et la culture franco-ontariennes.

La complexité de l’UOF

Emma et Chloé ont de la difficulté à assimiler la pertinence des programmes offerts par l’Université de l’Ontario français (UOF). Elles trouvent que les noms plus abstraits des programmes ne permettent pas de comprendre ce à quoi ils mènent.

«Même après avoir posé des questions avec l’orienteur de mon école et avoir envoyé des courriels à l’UOF, c’est encore pas trop clair, explique Chloé Leblanc. Ce n’est pas des programmes où je peux voir qu’il y a une pénurie.»

L’élève de 11e année, Emma Rose Smith

Photo : Courtoisie

Emma Rose Smith ne se voit tout simplement pas déménager à Toronto, surtout en raison du cout de la vie. Elle comprend les limites qui ont été imposées à l’UOF à son ouverture, mais ça ne change pas le fait que les présents programmes ne l’attirent pas. «Personnellement, je trouve ça dommage.»

Le seul espoir

Emma Rose Smith a participé avec d’autres membres de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) à la rencontre avec le recteur de l’Université de Sudbury en septembre 2021. Elle y a vu une ouverture inspirante aux besoins de la jeunesse et un désir de répondre à leurs demandes.

Elle est impatiente de voir ce que l’établissement parviendra à créer. «J’espère que ça va bien fonctionner et que ça va devenir une option pour moi.»

Chloé Leblanc abonde dans le même sens. «Je vois que l’Université de Sudbury essaie vraiment de toucher la jeunesse. Combler les besoins de la communauté qui est là en ce moment. Si ça fonctionne, ça va bien fonctionner.»

Pas tous au même niveau

Emma Rose Smith et Chloé Leblanc reconnaissent qu’elles font partie d’un groupe relativement restreint de leur génération. Ce n’est pas tous leurs collègues du secondaire qui seront capables d’étudier en français ou qui tiennent à le faire. «Je pense que ça joue beaucoup dans l’insécurité linguistique, dit Emma Rose Smith. C’est évident que c’est une grosse partie de notre société franco-ontarienne.»

Même si, dans son coin, elle voit que les francophones qui pourraient souhaiter étudier en français sont en minorité, ça reste important de leur offrir la possibilité de le faire.

Dans son milieu, Cholé voit plutôt une division 50-50 au sujet de la langue d’étude. Elle considère par conséquent qu’avoir le choix est très important. «Au moins pour le maintien de notre langue maternelle.»

Le Voyageur veut entendre les jeunes du secondaire sur la situation actuelle des études universitaires en français dans le Nord de l’Ontario. Si vous voulez partager votre point vu, peu importe ce qu’il est, écrivez à levoyageur@levoyageur.ca.