le Jeudi 30 mars 2023
le Mercredi 2 mars 2022 13:45 | mis à jour le 2 mars 2022 13:49 Éditorial

Poutine et l’Ukraine

Les attaques de la Russie le 24 février — Photo : Shutterstock
Les attaques de la Russie le 24 février
Photo : Shutterstock
Éditorial — Depuis jeudi dernier, l’invasion non provoquée de l’Ukraine par son voisin, la Russie, défraie manchettes et chroniques. Au moment d’écrire ces lignes, il est question que les deux pays entreprennent des pourparlers en Biélorussie.

Mais comme dans cette guerre tout bouge rapidement, il se pourrait que d’autres soubresauts militaires ou économiques surviennent avant la parution du journal. Quoiqu’il arrive, il y a cependant certains aspects de cette invasion qui marqueront l’histoire et la place de la Russie dans le monde moderne.

D’abord, soyons clairs, cette invasion est une infamie. Une infamie perpétrée par un petit mégalomane paranoïaque, le président russe Vladimir Poutine. Remarquez que, venant de lui, nous aurions dû nous attendre à tous les coups tordus. Depuis son accession à la présidence de la Russie en 2000, Poutine a maintes fois démontré son tempérament égomaniaque, voleur, menteur et magouilleur.

Voleur, demandez-vous? Comment croyez-vous qu’un dirigeant d’un pays puisse accumuler 250 milliards $ sur un salaire de président? C’est pourtant ce que pèse Poutine aujourd’hui. 

Menteur? Depuis deux mois, il dit au monde entier que la Russie n’a aucune intention d’envahir l’Ukraine. Et voilà.

Magouilleur? Rappelons-nous le petit tour de passepasse qu’il a concocté avec son premier ministre Dmitri Medvedev en 2008. Ne pouvant se représenter à la présidence après deux mandats consécutifs, Poutine s’arrange pour que Medvedev soit élu président et, en retour, ce dernier le nomme premier ministre. Quatre ans plus tard, Poutine reprend la présidence. Depuis, il a modifié la constitution pour enlever les limites de mandat, ce qui le rend quasi président à vie. En fait plus que quasi, puisque, depuis 2000, Poutine a éliminé toute opposition, soit en forçant ses critiques à l’exil, soit en les emprisonnant ou soit en les faisant même assassiner.

Mais ce magouillage politique n’est rien à côté de son tempérament belliqueux. Il accède au pouvoir en pleine guerre de Tchétchénie où il démontre une violence inouïe. En 2008, il envahit la Géorgie après avoir fomenté des troubles menés par des russophones de la région d’Ossétie. En 2014 il répètera d’ailleurs cette manœuvre en envoyant des mercenaires dans les régions de Donbas et de Donetsk, en Ukraine, afin d’y appuyer les séparatistes russophones. Cette même année, il annexe purement et simplement la Crimée, une autre région ukrainienne.

Le monde savait donc fort bien qu’il est aussi dangereux que Hitler en 1938. Jusqu’à présent, on lui a laissé passer ses lubies, mais l’invasion de l’Ukraine pourrait bien être son hallali. 

Déjà presque tous les pays de l’Occident appuient l’Ukraine en lui faisant parvenir des armes et un soutien financier. De plus, ils imposent de sévères sanctions économiques qui, cinq jours seulement après le début des hostilités, font déjà très mal à la Russie. Et d’autres s’en viennent. Espérons que ça fera tellement mal que les Russes eux-mêmes, incluant les militaires, sortiront de leur léthargie et se débarrasseront de ce malade.

Une dernière petite note en bas de page. Souvenons-nous que le Canada partage une frontière arctique avec la Russie. Comme nous le soulignions dans notre éditorial du 19 janvier, il est temps que nous protégions adéquatement cette frontière. Poutine nous prouve ici qu’il est, effectivement, dangereux.