Je suis une Québécoise vivant à Sudbury depuis plus de dix ans. Mes deux enfants sont nés ici et ils fréquentent une école de langue française, en Ontario. À travers les années, j’ai pu comprendre ce que signifie réellement vivre dans un milieu francophone minoritaire et décider de se lever chaque matin en s’assumant comme francophones et francophiles dans un contexte anglonormatif.
Je suis professeure en éducation, plus particulièrement en didactique du français. Je m’intéresse à la façon dont l’enseignement est dispensé en salle de classe et à la manière dont l’élève apprend à lire, à écrire et à communiquer oralement. J’ai pu témoigner de ce qui se fait dans le milieu scolaire francophone minoritaire et j’ai voulu créer une belle occasion pour les chercheurs universitaires de promouvoir les nombreux projets de recherche liés au milieu scolaire, projets qui passent malheureusement sous silence ici en Ontario, mais également à travers le Canada.
Mon but était aussi de pouvoir donner une voix aux enseignants extraordinaires qui font réellement la différence dans la vie des élèves. Ceux-ci doivent aussi se battre chaque jour pour la survie de la langue française dans le milieu scolaire. Nous voulons connaitre leurs projets et leurs pratiques exemplaires!
J’ai donc écrit à la rédactrice de la revue québécoise Vivre le primaire, Geneviève Carpentier, pour lui proposer mon idée : créer une chronique récurrente à chaque numéro (4 fois par année) pour promouvoir et valoriser ce qui se fait dans le milieu scolaire, à l’extérieur du Québec. La réponse a été accueillie à bras ouverts et j’en suis vraiment ravie puisque le milieu francophone minoritaire est un contexte souvent méconnu au Québec.
C’est à partir de ce moment que je suis devenue responsable de la chronique intitulée Les minorités francophones en action dans la revue de l’Association québécoise des enseignantes et des enseignants du primaire (AQEP). La chronique sera produite en collaboration avec mes collègues Michèle Minor-Corriveau, Ginette Roberge et Louise Bourgeois de l’Université Laurentienne ainsi qu’Annie Roy-Charland de l’Université de Moncton.
Résumé de la première chronique
La professeure Michèle Minor-Corriveau de l’Université Laurentienne et Valérie Raymond signent cette première chronique. Valérie Raymond fait partie de la centaine de professeurs qui ont perdu leur emploi lors des coupures du 12 avril 2021 – ce lundi noir – alors qu’elle était sur le point d’accoucher. Elle faisait partie du corps professoral du feu département d’études françaises. Elle est maintenant une chercheure indépendante dynamique et proactive.
La première chronique de ces deux chercheures franco-ontariennes s’intitule Démystifier l’enseignement et l’évaluation des compétences grammaticales en contexte minoritaire : par où commencer? La chronique paraitra en version papier sous peu.
En résumé, cet article professionnel propose une progression de l’apprentissage des notions de grammaire au primaire, adaptée au milieu francophone minoritaire, selon un continuum progressif et cumulatif. En effet, il est important de garder en tête que «[l’élève] bilingue n’est pas équivalent à deux monolingues en un seul corps (Grosjean, 1989); l’élève bilingue en situation linguistique minoritaire, mettra plus de temps à maitriser la langue que l’apprenant en situation majoritaire» (p. 38), écrivent les auteures du texte.
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Le Voyageur offre une vue d’ensemble de la francophonie et de la vie dans le Nord-Est de l’Ontario.
Elles ajoutent que : «[cibler] des compétences précises à un moment stratégique dans la trajectoire scolaire des élèves permet de construire leurs connaissances sur ce qui a déjà été enseigné et ce qui le sera. Cette progression des apprentissages a été établie à partir de la réussite moyenne des élèves à la fin du primaire, dans des écoles de langue française en Ontario». (p. 39)
Enfin, les auteures mentionnent que : «[le] but n’est pas de niveler les attentes vers le bas pour les minorités francophones, mais plutôt d’être conscients de l’influence du contexte sur les apprentissages, qu’il faut rendre plus efficaces et plus contextualisés. Comprendre la réalité des élèves qui vivent en milieu francophone minoritaire est primordial pour pouvoir leur fournir un accompagnement adéquat à partir de ressources pédagogiques qui reflètent leurs besoins et leur réalité». (p. 40)
L’article intégral sera disponible sur le site web du journal.
Si vous voulez vous abonner à la revue professionnelle Vivre le primaire, vous pouvez vous inscrire sur le site : https://aqep.org/devenir-membre/. Il y a quatre publications par année.
Le prochain article sera écrit par Louise Bourgeois, professeure à l’Université Laurentienne. Celle-ci a porté plusieurs casquettes dans sa vie : elle a été enseignante, conseillère pédagogique, directrice d’école et agente au ministère de l’Éducation de l’Ontario. C’est grâce à toute cette expérience qu’elle parlera des trois plus grands défis de l’école de langue française, en Ontario. Quels sont-ils exactement, selon vous? Je vous en reparlerai bientôt, en primeur!
Isabelle Carignan est professeure titulaire à l’Université TÉLUQ et professeure associée à l’Université Laurentienne et à l’Université de Sudbury.
Chers enseignants, si vous avez des projets dont vous êtes fiers, contactez-la directement à isabelle.carignan@teluq.ca.