Manon Aubin s’est aussi engagée dans sa collectivité d’origine en devenant membre du conseil d’administration du Centre de loisirs. C’est ainsi que lui est venue l’idée de suggérer une exposition à la galerie. Elle a étendu l’invitation à Josée Caron, son amie, enseignante d’arts visuels au secondaire et artiste très active.
La Piqure du Nord sera présentée jusqu’au 17 mars à la Galerie Paquin.
Au cœur de cette exposition : la nature, les femmes et les abeilles et aussi beaucoup de boussoles. «Les boussoles, c’est gros pour moi, explique Manon Aubin. J’ai quitté Kap à plusieurs reprises, mais il y a toujours quelque chose qui me ramène dans le Nord… Je produis juste dans le nord parce que je me sens full inspirée ici.»

Manon Aubin a été particulièrement touchée par cette œuvre de Josée Caron, Reproduction d’une espèce. —
Des abeilles et des femmes
Josée Caron a une quinzaine d’expositions à son actif. Pour la première fois, elle présente des linogravures en plus de l’huile, des collages, de la sérigraphie, de l’encaustique — à base de cire, justement.
Les abeilles, au cœur de son exposition précédente (La Reine de la ruche, présentée en 2017 à la Galerie Paquin), demeurent bien présentes dans l’univers de l’artiste.
La toile qui a le plus marqué sa camarade représente une femme qui accouche d’abeilles; Reproduction d’une espèce.
«Josée représente des femmes fortes et puissantes, comme elle», observe Manon Aubin en commentant les toiles qui tapissent les murs de la Galerie Paquin. À son tour, Josée Caron jette un regard sur la production de son amie : «Manon, c’est une femme assumée. Elle a pris confiance.»
Manon Aubin avait connu un sentiment d’imposture lors de l’exposition du Groupe des sept, présentée en février 2016 : ses six camarades sont des artistes ou des artisanes, tandis qu’elle a étudié en finances. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir l’esprit résolument artistique et d’utiliser le pistolet aérographe (ou air brush) avec fermeté.
Groupe des sept
Ce Groupe des sept kapuskoises, formé à l’époque de six femmes dans la vingtaine et de Josée Caron, autrefois leur enseignante d’arts, demeure actif, «mais on s’appelle les femmes féroces, entre nous», confie en riant l’éducatrice.
«On a chacune pris notre route, il y a de petites familles, la COVID, poursuit-elle. Nous sommes des artistes toutes plutôt solitaires et réservées. On aime notre bulle familiale.»
La communauté d’artistes aimait bien se réunir dans le garage-atelier de leur enseignante. «Je pense vraiment que c’est le Nord, notre influence, disait alors Josée Caron. On vient toutes du Nord, on y tient. [Les filles] sont connectées avec la nature, les corps. On travaille toutes des thèmes qui se rejoignent.»
C’est encore vrai dans La Piqure du Nord. Josée Caron en témoignait lors du vernissage, début février : «La piqure du Nord, c’est respirer de l’air frais, disait-elle. C’est vivre en harmonie avec la nature. C’est un cercle en métamorphose. C’est l’existence, car le Nord, c’est la vie, c’est toi, c’est moi.»

La linogravure est de plus en plus au cœur de la production artistique de Josée Caron.