Le nom de son entreprise indique clairement qu’ici, une femme vous guide : Follow Her North. «Il fallait absolument que ça montre que je suis une femme dans le plein air», souligne la jeune guide de Hearst.
Elle sait que l’industrie du plein air vient avec son lot d’obstacles, pour les femmes. «Je fais des sports qui sont plus considérés comme des sports d’hommes. C’est en train de changer, mais ça a toujours été un challenge.»
Combien de personnes, dans son entourage, ont déjà remis en question sa capacité à prendre part à des expéditions en pleine nature? «Ça me blessait, des fois. En motoneige, si on restait pris et que j’allais tirer les skis, on me disait : “tasse-toi, t’es pas assez forte”. Ou on planifiait une ride et on me disait : “toi tu ne peux pas venir, tu ne te rendras pas.”»
Pour la jeune passionnée de plein air, ces barrières étaient d’autant plus étonnantes que son père, le guide Dany Gratton, n’a jamais hésité à partir à l’aventure avec sa famille. «Mon père nous a tout montré, on ne s’est jamais arrêté à ça», témoigne-t-elle.

Mylène Coulombe-Gratton organise notamment des camps d’été en plein air pour les jeunes de la région de Hearst. Les filles sont au rendez-vous.
L’influence de femmes fortes
Chez sa mère, la famille est composée de femmes qui n’ont pas froid aux yeux, estime Mylène Coulombe-Gratton.
Du nombre, on compte l’historienne et féministe Danielle Coulombe, très présente dans la vie de sa petite-nièce Mylène. «Elle a transmis à ma mère de ne pas se laisser arrêter, de ne pas s’en tenir à des métiers traditionnels, de mettre la haute barre, de briser le plafond de verre», explique l’entrepreneure de 18 ans.
C’est exactement ce qu’elle souhaite faire.
Un secteur en mutation
La guide professionnelle et entrepreneure souhaite éliminer les stéréotypes de genre et voit de la lumière au bout du tunnel. Par exemple, autant de filles que de garçons ont participé aux camps de jour qu’elle a offerts l’été dernier.
De plus, lorsqu’elle a suivi les programmes de certification, il y avait plus de femmes que d’hommes dans les rangs. «Le plein air, c’est une industrie où les filles prennent le dessus», constate-t-elle.
Ce serait vrai dans différents secteurs. La guide cite la randonnée, le canot et la motoneige ainsi que les vêtements de plein air. De plus en plus de collections pour femmes sont commercialisées. Elle-même conçoit des vêtements avec des fournisseuses de Hearst.
Le tourisme d’aventure
Le tourisme d’aventure est un milieu traditionnellement masculin.
De 15 à 20 % des guides de montagne et des travailleurs d’avalanche au Canada seraient des femmes, selon une enquête sur la diversité, l’inclusion et la santé mentale menée en 2019 par des associations sectorielles.
Selon cette même étude, quelques stéréotypes demeurent :
- les femmes sont considérées comme moins compétentes;
- la conciliation parentale touche davantage les femmes;
- les rôles traditionnels sont perpétrés (les femmes à la logistique, les hommes à la technique); et
- les environnements de travail sont hostiles aux femmes et demeurent très genrés.

Mylène Coulombe-Gratton a fait de sa passion pour le plein air un gagne-pain. À titre de guide de plein air et d’aventure, elle souhaite partage son amour pour le grand air et le Nord.
Des projets en croissance
Mylène Coulombe-Gratton ne veut pas s’arrêter à ces obstacles, ni à ceux qui pourraient se poser parce qu’elle est une jeune entrepreneure et une femme dans le secteur du plein air. «Je fonce et si je rencontre un problème, je dealerai avec», explique-t-elle.