le Mercredi 29 mars 2023
le Jeudi 17 mars 2022 10:56 | mis à jour le 17 mars 2022 13:32 Chroniques et blogues

Le danger d’avoir plus d’anglais dans les écoles francophones

Le translangage est-il la voie que devrait prendre l'enseignement en milieu minoritaire. — Photo : Shutterstock
Le translangage est-il la voie que devrait prendre l'enseignement en milieu minoritaire.
Photo : Shutterstock
Chronique — Philippe Mathieu est étudiant en enseignement en plus d’être journaliste. Nous lui avons demandé de réfléchir à la proposition de Chantal Mayer-Crittenden sur le translangage en enseignement.

J’ai fréquenté des écoles francophones toute ma vie. Ma langue maternelle est le français. Je travaille en français, j’étudie en français et je le parle à la maison. Je suis actuellement inscrit à la Faculté des Sciences de l’éducation de l’Université Laurentienne depuis 2020 et j’en suis à mon dernier semestre. Je suis à un pas de devenir un enseignant à temps plein. J’ai vu à quoi ressemblait l’intérieur des écoles des deux côtés de la table, y compris les écoles anglophones dans lesquelles j’ai fait du travail en tant que suppléant.

Je crois que le concept du translangage en pédagogie est un concept risqué pour les écoles francophones de l’Ontario. La communauté francophone a travaillé sans relâche pour arriver là où nous en sommes aujourd’hui. Je ne pense pas que d’avoir encore plus d’anglais dans nos écoles francophones soit bonne. 

En tant qu’enfant qui est allé à l’école avec de nombreux enfants dont la langue maternelle était l’anglais, je peux dire que beaucoup d’enfants ne veulent pas apprendre en français et vont dans ces écoles parce que leurs parents le souhaitent. Par conséquent, leur engagement envers la langue française n’est pas garanti dès le premier jour. Cependant, il y en a beaucoup, comme moi, qui ont pris la langue au sérieux.

Je pense qu’accorder plus de place à l’anglais dans un environnement déjà bilingue écraserait l’éducation francophone. Si un enfant va dans une école francophone, il devrait être encouragé à apprendre la langue et à appliquer ses connaissances en français, à moins qu’il ne s’agisse d’un cours d’anglais. Je crois que si un enfant est encouragé à utiliser la langue qu’il veut pour exécuter un travail, y compris l’anglais, son attention envers la langue française disparaitra et ceux qui n’ont jamais été intéressés par le français n’apprendront jamais la langue. 

Dans le système actuel, oui l’usage de l’anglais est découragé dans les écoles — il en est ainsi pour une raison. C’est pour encourager les élèves à utiliser ce pouvoir qu’ils ont de parler la langue française, parce que les enseignants et les membres du corps professoral savent combien il est important de pouvoir parler français au Canada. 

Dans une école francophone, un enfant doit utiliser ses connaissances et sortir de sa zone de confort pour utiliser une nouvelle langue. Cela encourage le développement cognitif. Si nous laissons nos enfants penser et écrire en anglais dans une école francophone, comment pourrons-nous encore l’appeler une école francophone?