le Mercredi 29 mars 2023
le Jeudi 17 mars 2022 14:19 Éducation

Les conseils scolaires francophones indignés

L'éducation des élèves avec des difficultés de lectures étudiées dans une rapport de la Commission ontarienne des droits de la personne. — Photo : Shutterstock
L'éducation des élèves avec des difficultés de lectures étudiées dans une rapport de la Commission ontarienne des droits de la personne.
Photo : Shutterstock
Ontario — Les associations des conseils scolaires francophones déplorent qu’une étude de la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) n’inclue pas de données sur les francophones. Elles espèrent que les recommandations issues de cette étude ne vont pas influencer l’éducation en langue française alors que les conseils scolaires francophones n’ont pas été pris en considération lors de l’enquête.

La CODP a lancé une enquête publique sur le droit de lire en octobre 2019 dans le but de revoir en détail la façon dont l’éducation publique de l’Ontario répondait aux besoins des élèves ayant des troubles de lecture. Elle vient de publier son rapport intitulé Le droit de lire qui contient 157 recommandations.

L’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) et l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) se disent déçues.

La raison d’être de la CODP, disent-elles, est la promotion et la protection des droits de la personne. Pourtant, regrettent-elles, dès le lancement de son enquête en 2019, la CODP a fait le choix délibéré d’exclure les conseils scolaires et les facultés d’éducation de langue française de son échantillonnage. 

«L’étude a été faite avec les systèmes anglophones seulement. N’ayant pas pris en considération les francophones, comment les recommandations formulées vont-elles influer sur l’éducation en langue française? L’étude en soi n’est pas mauvaise, mais elle est axée sur les conseils anglophones pour faire quelque chose de semblable pour les conseils francophones, alors que tout le monde sait que l’éducation en français en situation minoritaire demande une différenciation de l’éducation en langue anglaise», explique le président de l’ACÉPO, Denis Chartrand.

Denis Chartrand et le directeur général de l’AFOCSC, Yves Lévesque, se demandent si le ministère de l’Éducation fera une autre étude au sujet des francophones ou s’il va tout simplement imposer les recommandations anglophones sur le système francophone. Les deux responsables privilégient la première option et la recommandent fermement.

Les francophones ont été aussi entendus… selon la Commission

Contactée par Le Voyageur pour réagir au communiqué des associations des conseils scolaires francophones, la CODP) ne nie pas que l’enquête concernait les écoles anglophones. 

«Lorsque la CODP a lancé l’enquête en 2019, notre mandat indiquait que l’enquête se concentrerait sur les écoles élémentaires et secondaires publiques anglophones de l’Ontario. De plus, il a été reconnu que les problèmes au sein des conseils scolaires de langue française de l’Ontario étaient spécifiques et devraient être abordés séparément, donc ils n’étaient pas inclus dans cette enquête», répond la Commission.

Toutefois, la Commission ajoute que les conseils scolaires francophones ont aussi été consultés : «Au cours de l’enquête, nous avons entendu des conseils scolaires francophones par le biais de nos sondages en ligne et avons reçu des témoignages de parents et d’élèves ayant des troubles de lecture qui sont en immersion française et ceux-ci ont été abordés dans le rapport. Nous évoquons également les barrières systémiques auxquelles sont confrontés les élèves francophones, les élèves des conseils scolaires francophones et les élèves en immersion française», précise la CODP.

Ainsi, la Commission croit que «les conclusions et les recommandations de l’enquête pourraient être instructives pour les approches adoptées en matière d’éducation en français. Le ministère de l’Éducation et les conseils scolaires devraient collaborer avec des experts en lecture francophones pour évaluer la pertinence des recommandations», suggère-t-elle.