Le scénario est inspiré par la fraude menée par l’entreprise Norbourg, une firme d’investissement qui a fait couler beaucoup d’encre entre 2002 et 2005 au Québec. Son président-directeur général, Vincent Lacroix, a été accusé d’avoir détourné des millions de dollars d’investisseurs, menant à l’une des plus grosses fraudes financières du Canada. De nombreux petits épargnants ont beaucoup perdu, certains ont tout perdu.
Le film ne suit pourtant pas principalement Vincent Lacroix, mais plutôt Éric Asselin. Un enquêteur financier pour le gouvernement qui décide de rejoindre Lacroix afin de profiter de son stratagème. Il aura des remords de conscience lorsque l’Autorité des marchés financiers commencera à enquêter sur l’entreprise.
Le film démarre lentement, avec le premier tiers qui sert à établir surtout le raisonnement d’Éric Asselin. Vincent Lacroix prend finalement le relai pour le milieu et les choses accélèrent. Le dernier tiers rapporte l’attention sur Asselin et son malaise de plus en plus palpable. Vincent-Guillaume Otis livre une performance remarquable pour nous faire croire d’abord à la personnalité effacée de son personnage puis à son stress alors qu’il prépare sa trahison.
Si vous connaissez peu de choses du scandale de Norbourg, vous aurez peut-être un peu plus de difficulté à suivre au début. Le stratagème de Vincent Lacroix est expliqué en termes relativement simples, mais quand même obscurs quand on connait peu les rouages des marchés financiers. Heureusement, on n’a pas besoin de tout comprendre pour apprécier la gravité de leurs actions.
Le réalisateur, Maxime Giroux, prend d’ailleurs un peu de temps pour démontrer l’impact de la fraude sur les petits épargnants. On n’y passe pas beaucoup de temps, mais juste assez pour nous permettre de le comprendre.
Même si le film est inspiré de cette histoire vraie, il est difficile de discerner entre les faits et la fiction. Le stratagème a été bien documenté, mais pas les conversations privées, peut-on supposer. Éric Asselin, tout aussi coupable que Lacroix d’après le film, a réussi à se protéger. Mais l’a-t-il fait de cette façon? A-t-il vraiment mis de l’argent dans son congélateur?
Les textes descriptifs juste avant le générique créent une drôle d’impression. On nous livre des faits sur l’après-Norbourg alors que l’on sait que l’on ne vient pourtant pas d’écouter un documentaire.
Norbourg n’est pas un grand film, mais il raconte bien les dessous (probables) de cette fraude historique. Il parvient à nous faire détester l’un des personnages principaux et à nous rappeler qui a vraiment payé pour ces crimes.
Norbourg est présenté à quelques autres reprises en juin chez Sudbury Indie Cinema. D’abord les 4, 7 et 12 juin. Il y a ensuite une pause en raison du festival Queer North, puis d’autres présentations les 25 et 28 juin.