
Cette montre, que possède Charles Leblanc, a été créée en 1965 par Bulova pour la NASA. Les montres à balancier n’auraient pas bien fonctionné sans gravité, alors ils ont inventé une montre qui fonctionne plutôt avec un diapason qui vibre 360 fois par seconde. Au lieu d’un «tic-tac», la montre émet un faible son de vibration.
La réparation d’une montre est encore un besoin pour bien des gens, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Pendant notre discussion avec M. Leblanc, il a reçu la visite de deux clients, dont un qui voulait faire réparer la montre de sa grand-mère.
Pour Charles Leblanc, la mécanique des montres est élégante et plus intéressante que celle des «stupid smart watchs», comme il les appelle. Regarder l’heure sur une montre est beaucoup plus rapide que de sortir son téléphone de sa poche pour le faire, dit-il.
Les présentoirs de sa petite boutique sont remplis de montres qui lui appartiennent, mais quand même à vendre. Des montres de seconde main pouvant couter aussi peu que quelques dizaines ou centaines de dollars et des montres de marque atteignant presque 5000 $.
Plusieurs choses peuvent influencer le prix d’une montre. La renommée du nom compte évidemment, mais il y a aussi la technologie et la qualité de fabrication que demande un mécanisme de précision; les matériaux aussi. Il présente en exemple une montre Patek qu’il a récemment réparée; une montre mince dans laquelle le seul métal qui a le bon poids pour l’oscillateur, c’est de l’or. La montre et son bracelet sont faits d’or 18 carats.
Un métier qui fait passer le temps
Jeune adulte, lorsqu’est venu le temps de choisir un métier, Charles Leblanc a cherché quel service manquait dans sa ville natale de Sturgeon Falls. «J’ai constaté qu’on avait deux bijoutiers et un horloger, mais ça laissait beaucoup à désirer. Un était bien occupé à rien faire. L’autre, s’il était dépassé 11 h, il n’était plus dans son magasin, mais à l’hôtel en face», raconte-t-il.
C’est donc avec l’intention de devenir bijoutier qu’il a soumis une demande au collège qui porte maintenant le nom George Brown. Il n’y avait plus de place, mais il y en avait pour la formation d’horloger. C’était assez proche! «J’ai gradué trois ans plus tard en 1965, après m’être frappé les pouces souvent», lance-t-il. Sans regretter son choix, il croit maintenant qu’il aurait dû prendre sa retraite plus tôt s’il avait fait trois autres années pour être aussi joailler.
Il a ensuite travaillé à Ottawa et North Bay chez Palmer. Il a ouvert une boutique à Sturgeon Falls pour eux lorsqu’il a vu que plusieurs personnes de Sturgeon Falls venaient faire réparer leurs montres à North Bay. «On l’a fermé en 1996, pensant que j’étais assez âgé et assez bien pour prendre ma retraite», il alors déménagé à Chelmsford, où demeuraient ses enfants. Mais la retraite ne lui faisait pas : «Je me suis ennuyé.»
Il a alors recommencé à travailler. Il avait un atelier de réparation chez lui et recevait des montres de partout dans le Nord-Est de l’Ontario. «Une semaine relaxe, c’était 76 heures de travail. Des fois je dormais sur mon banc.»
Il n’y a plus d’école pour apprendre le métier d’horloger-rhabilleur. Les seules qui restent sont des collèges privés qui appartiennent aux grandes compagnies et où les étudiants apprennent à fabriquer et créer les montres de cette marque uniquement.
Heureusement, pour ceux qui ont besoin de ses services, Charles Leblanc n’a pas l’intention d’arrêter de travailler pour l’instant. Tout de même, quand viendra le temps de sa deuxième retraite, il aimerait peut-être réparer des horloges, puisqu’il ne peut pas s’imaginer à ne rien faire.