Le sondage téléphonique effectué au mois de juin demandait à 1000 répondants d’indiquer leurs penchants politiques ainsi que leur opinion quant à la liberté d’opinion. Plus de 80 % des participants au sondage disent jouir d’une certaine liberté d’expression et la plupart croient que les gouvernements et les réseaux sociaux doivent intervenir afin de limiter la désinformation et le discours haineux.
On peut se réjouir en voyant cette majorité, mais il est intéressant d’analyser les réponses de ceux qui estiment que leur liberté d’expression est brimée.
Quelque 25 % des répondants qui se disent de droite ou de l’extrême droite indiquent qu’ils ne jouissent pas de la liberté de parole. Trois pour cent des partisans de l’extrême gauche disent la même chose. Dans les deux camps, on peut voir l’influence des États-Unis où le second amendement à la constitution permet tous les discours, même haineux, racistes ou dangereux. Au Canada, le discours haineux est illégal. On se souviendra du néo-nazi Ernst Zundel qui a été accusé et trouvé coupable selon cette loi, en 1985, et déporté en Allemagne.
Le sondage de l’Université de la Saskatchewan démontre aussi d’importantes différences régionales. Par exemple, 31,5 % des répondants de droite sont originaires des Prairies alors que seulement 18,6 % sont du Québec. De plus, 22,4 % des répondants des Prairies croient que le Canada devrait, comme les États-Unis, permettre tous discours, sans exception. Dans les provinces maritimes, cet appui n’est que de 4,5 %.
Certains experts consultés par le Globe and Mail imputent aux réseaux sociaux cette impression qu’on peut exprimer n’importe quoi. Comme beaucoup de matériel publié sur ces réseaux est américain et pas soumis aux lois canadiennes, certains de nos concitoyens croient que tout est permis ici aussi.
On a d’ailleurs pu voir cette méconnaissance lorsque certains membres du convoi d’Ottawa de janvier dernier affirmaient haut et fort que leur «second amendement» leur permettait de dire ou écrire n’importe quoi. C’est évidemment faux comme le prouvent les nombreuses accusations portées contre les dirigeants de cette occupation.
Cette étude sur les attitudes canadiennes envers la liberté devrait nous ouvrir les yeux sur le clivage qui commence à déchirer notre tissu social. Cela devient de plus en plus important alors que nous voyons certains politiciens — allo Pierre Poilièvre — dire n’importe quoi, incluant des faussetés, afin de recueillir des votes.
Nous devons continuer à partager certaines valeurs communes si nous voulons maintenir notre cohésion nationale.