le Mercredi 27 septembre 2023
le Vendredi 27 septembre 2019 17:48 Actualités

Vivre la faim pour ouvrir son cœur

La directrice de la Maison Inner-City, Jennifer Grooms — Photo : Julien Cayouette
La directrice de la Maison Inner-City, Jennifer Grooms
Photo : Julien Cayouette
Avec le double objectif de ramasser des fonds et d’augmenter sa notoriété, l’organisme à but non lucratif Maison Inner-City Home de Sudbury lance une nouvelle campagne de financement : Fast to Feed, ou Jeuner pour nourrir. Ce centre, qui ne reçoit pas de financement public, a tout de même pu accomplir sa mission pendant 33 ans seulement avec des dons, mais ils ne suffisent plus.
Vivre la faim pour ouvrir son cœur
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Jeuner pour nourrir est à la fois un effort de financement et de sensibilisation. On demande d’abord aux participants de se trouver des commanditaires puis de ne rien manger pendant 24 heures — de 11 h le 18 octobre à 11 h le 19 octobre — et de se rassembler au Steelworkers Hall pour un déjeuner de crêpes.

En faisant l’expérience des effets de la faim dans la vie d’une personne — comme manquer d’énergie et de concentration —, la directrice de la Maison Inner-City, Jennifer Grooms, espère que les gens pourront mieux comprendre l’importance des deux banques alimentaires maintenues par la Maison au centre-ville et au Nouveau-Sudbury.

Les formulaires de dons sont disponibles à la Fromagerie (rue Elgin) à la Maison Inner-City (251, rue Elm) ou en écrivant à jgrooms@innercityhome.ca.

Besoins grandissants

Entre 14 000 et 15 000 familles visitent l’une des deux maisons chaque année, rapporte la directrice Grooms. Certaines y sont toutes les semaines, d’autres n’en ont besoin qu’une ou deux fois par année.

Mme Grooms est elle-même une de ces mères qui a dû vaincre la honte de monter les marches de la Maison, a-t-elle raconté lors de la conférence de presse. S’en être sortie grâce à l’aide des bénévoles et revenir quelques années plus tard pour prendre le poste de directrice est l’une des nombreuses histoires de réussite de la Maison Inner-City.

La Maison s’est pendant longtemps bien tirée d’affaire avec des campagnes de financement à plus petite échelle et les dons qu’elle recevait, mais c’est de plus en plus difficile en raison de l’augmentation du cout des aliments. 

Il y a trois ans, fournir trois jours de nourriture à une personne coutait environ 11-12 $ — avec du beurre d’arachide et du pain par exemple. 
Maintenant, c’est 21,75 $.

— Jennifer Grooms

Ce n’est donc pas qu’ils reçoivent moins d’argent, seulement que tout coute plus cher et que de plus en plus de gens doivent choisir entre nourrir leur famille, payer l’électricité ou des nouveaux souliers pour les enfants.

Pourquoi ne pas accepter de financement de la part des gouvernements? «C’est en partie un choix, parce que pour en avoir, il faudrait suivre un mandat précis et nous en faisons toujours plus pour les gens, explique la directrice. Ce que nous faisons maintenant fonctionne.» Donc, pas question de changer quoi que ce soit pour entrer dans les cases des fonctionnaires.

Mme Grooms, qui est entrée en poste en décembre, reconnait que très peu de gens connaissent l’existence de la Maison Inner-City malgré sa longévité. C’est d’autant plus le cas chez les francophones, chose qu’elle semble déterminée à changer puisque des familles francophones profitent aussi de leurs services.

Plus loin que la faim

«La nourriture les fait entrer et ensuite nous pouvons les aider avec leurs autres problèmes», illustre la directrice.

L’un des membres francophones du conseil d’administration de la Maison, Bruno Michel, donne de son temps justement pour aider avec les autres problèmes. Après avoir vendu le restaurant Gloria’s en 2017, M. Michel s’est inscrit à la maitrise en travail social à l’Université Laurentienne, ce qui l’a mené à la Maison Inner-City où il met en pratique ce qu’il apprend dans ses cours.

Photo : Julien Cayouette

Il mène des thérapies de groupe pour la gestion de la colère, la gestion du stress et l’estime de soi pour les bénéficiaires. «Plusieurs personnes qui souffrent de la colère et du stress ont besoin d’appui individuel, du coaching additionnel.»

«L’idée n’est pas de remplacer le psychiatre ou le psychothérapeute, c’est d’appuyer [encore plus]. Donner des stratégies pour donner une meilleure qualité de vie. Si tu peux gérer ton stress, tu vas avoir moins de chances de perdre ton emploi, si tu ne perds pas ton emploi, tu as de l’argent pour payer ton loyer», élabore le bénévole.

Jennifer Grooms donne d’autres exemples d’aide apportée par les bénévoles de la Maison : retrouver une carte d’identité perdue en raison de problème de santé mentale ou récupérer l’argent qui leur est dû par le Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées.