Native de Lancaster dans l’Est de l’Ontario, Mme Ménard-Roussy a œuvré dans le domaine de l’enseignement pendant plus d’une vingtaine d’années à l’École secondaire catholique Franco-Cité et aussi à l’ancienne école Sturgeon Falls Secondary. Passionnée de littérature, l’enseignante retraitée a décidé d’écrire son premier livre en racontant l’histoire de Raoul Denonville, arrivé à River Valley au milieu de la Première Guerre mondiale.

Pendant un peu plus d’une année, Mme Ménard-Roussy a effectué plusieurs recherches sur l’histoire de M. Denonville en recueillant un peu plus d’une dizaine de témoignages de résidents qui l’auraient connu ou croisé au cours de leur vie. Le roman publié aux Éditions Prise de parole décrit la vie d’un homme discret, qui préfère vivre dans sa cabane au fond des bois, à l’écart du village.
«Raoul Denonville est arrivé en 1915 avec un compagnon (Wilfred). Ils ont passé pour des déserteurs de guerre, mais [les résidents] n’en parlent pas et on ne les questionne pas, car il y a beaucoup de déserteurs dans le coin. Ils se sont donc installés et ils ont fait une vie de trappage. Ils sont allés aussi travailler dans les camps de bucherons. Rendu à peu près en 1920, Wilfred est parti, mais Raoul est resté sur les lieux jusqu’à sa mort en 1970», raconte Mme Ménard-Roussy.
«Il y a quelque chose qui est resté inconnu [de M. Denonville]. D’abord on ne savait pas d’où il venait et personne ne le questionnait, parce qu’il n’en parlait pas. Il s’informait des autres, mais il se tenait pas mal par lui-même. La plus grande surprise est venue un an après sa mort.»
L’histoire de ce trappeur francophone a fait couler beaucoup d’encre à l’époque. Un reporteur du journal anglophone, le North Bay Nugget, a dû garder sa promesse de ne pas dévoiler le secret avant 1971.

Une ferveur pour l’écriture
Mme Ménard-Roussy s’intéresse à la littérature. Depuis déjà quelques années, elle a commencé à écrire de courts récits littéraires et un peu de poésie. Avec le soutien et l’encouragement de ses proches, elle a décidé de poursuivre un projet d’écriture un peu plus long et complexe en racontant l’histoire d’une personne méconnue venant de cette région nord-ontarienne.
«Je me suis souvenue que j’ai déjà eu des mois de temps où je cherchais un sujet valable. J’aime lire quelque chose qui est vrai, car ça m’intéresse plus que n’importe quoi d’autre. Je voulais quelque chose qui s’est passé ici, qui est de l’Ontario et que ce soit même de l’Ontario français. Il y a un petit tiroir qui s’est ouvert dans ma tête [parce que j’avais oublié ce petit article que j’avais lu en 1971] et je me suis dit qu’il y a peut-être des gens qui s’en souviennent encore», explique-t-elle.
«Ça fait 50 ans que Raoul est mort et on retourne loin en arrière. Mais j’ai appelé une amie avec qui j’ai enseigné, car je savais que sa sœur avait un magasin à River Valley déjà. Elle est très lucide et elle a même une meilleure mémoire que moi. Je suis allé en septembre l’an dernier avec une enregistreuse pour faire ma tournée.»
«J’ai rencontré dix personnes à ce moment-là et j’ai enregistré des fois une heure, une heure et demie, deux heures avec chaque personne. De retour à Ottawa, j’ai tout transcrit et je me suis fait des notes là où ce n’était pas assez clair. Je leur revenais ensuite par téléphone ou par courriel. En janvier, mon mari et moi sommes partis pour les iles de la Madeleine et j’ai commencé à rédiger. Deux mois après, je venais de l’envoyer pour publication à deux maisons d’édition.»