Ce croisement entre une maquette, l’automatisation, la vidéo, le théâtre et le recyclage utilise la scène d’une façon bien différente pour évoquer le développement de l’être humain et de ses rêves. En fait, il n’y a pas vraiment de scène. Apportez des souliers confortables!
L’installation du Théâtre Rude Ingénierie (TRI) est en fait un assemblage de plusieurs plus petites fabrications créées pour d’autres projets. «On avait cette fascination, cette idée depuis longtemps de toutes les brancher sur un clavier et de pouvoir en jouer, de pouvoir faire de la musique de cette sculpture sonore et, en plus, jouir de la poésie de leurs mouvements», explique l’un des fondateurs du Théâtre Rude Ingénierie (TRI), Bruno Bouchard.
Ils ont marié cette création avec une autre idée qu’ils avaient : raconter l’histoire de Coney Island, cette ile américaine près de Brooklyn qui a vu plusieurs parcs d’attractions grandir et tomber au cours du 20e siècle.
Le spectacle est à la fois documentaire-fiction et performance, théâtre et film. Il y a effectivement huit «performeurs» dans des cubicules qui font de la musique, des effets sonores et qui racontent des histoires qui se déroulent dans le parc. «C’est une histoire en 13 anecdotes de Coney Island. En filigrane de tout ça, on a une histoire d’amour entre deux personnages qui se rencontrent à cet endroit-là et qui décident de le fuir parce qu’il est trop envahissant.»
Au même moment, différentes parties et action de la maquette sont filmées de près et projetées sur des écrans, permettant de voir l’infiniment petit sur grand écran et permettant à ceux qui sont plus loin de voir ce qui se passe.
La maquette est également construite d’objets recyclés. «C’est un plaisir qu’on a de transformer les objets. Ça passe d’abord par l’humour, mais c’est aussi une des choses qu’on a envie qui reste de notre travail : ce plaidoyer pour la débrouillardise et de renchérir ce sentiment chez les gens que tout est possible, que les outils sont là, autour de nous, et qu’avec un peu d’imagination, on peut leur faire faire beaucoup de choses à ces objets qui ont l’air morts et inutiles.»
Du rêve à la réalité puis à l’histoire
De terres agricoles, à station balnéaire, à parcs d’amusement, la petite ile Coney, au sud de la ville de New York, a connu une popularité éblouissante entre 1890 et 1920. C’est là que serait en quelque sorte née l’idée de la société du spectacle et de la consommation.
La première montagne russe y a été construite en 1884. On y a érigé un hôtel de 12 étages en forme d’éléphant. Harry Houdini y a fait des spectacles en 1894 — et y a rencontré son épouse. On y aurait inventé le hotdog. Et, surtout, les premiers grands parcs d’attractions ont lancé une mode lucrative reprise partout à travers le monde. Il y a eu Sea Lion Park, Steeplechase Park, Luna Park et Dreamland.
«L’urbanisme, l’architecture de nos villes se sont beaucoup inspirées de cette aventure-là du début du [XXe] siècle où on constituait des petites villes, mais des petites villes de divertissement, où tout était super excitant, où tout était très intéressant, tout coutait de l’argent. Donc, il y a une rencontre un peu paradoxale entre un développement du capitalisme du plaisir et de réelles inventions hyper fascinantes», explique Bruno Bouchard.
La maquette de Dreamland contient plusieurs sections portant des noms en bonne partie inspirés par les véritables attractions de Coney.
Les Portes de l’enfer (Hell’s Gate) sont l’un de ces lieux, une des attractions de Dreamland. «On va aller l’observer de plus près avec les caméras pour raconter ce tableau-là et, à une certaine époque, le feu a réellement pris dans les Portes de l’enfer, et tout Dreamland a brulé. C’est une des histoires que l’on raconte.
Dreamland est présenté au Théâtre du Nouvel-Ontario du 13 au 15 février.