Au terme de cinq années de procédures, Gisele Gbobouo a enfin pu réaliser son rêve d’immigrer au Canada avec ses deux filles. Mais les défis se sont rapidement accumulés pour l’artiste d’origine ivoirienne et la pandémie n’a rien fait pour aider sa situation. Aujourd’hui étudiante à l’Université Laurentienne, elle souhaite désormais intégrer la communauté artistique et collaborer avec des artistes franco-ontariens ou autochtones.
Gisele Gbobouo est arrivée au Canada en juillet 2019 à la suite de longues procédures d’immigration qui se sont étalées sur cinq ans. «Pour vivre le rêve canadien et pour chercher un mieux-être», selon elle. Mais très rapidement, le rêve va se transformer en un défi quasi quotidien.
Une insertion sociale difficile
Elle explique qu’elle a dû affronter la rudesse du froid de Sudbury, se lever tôt le matin et s’occuper de ses deux filles avant de parcourir les services gouvernementaux en vue d’obtenir des papiers familiaux.
Pour cette mère, «vivre seule au Canada avec mes enfants est un défi. En Afrique, par exemple, vous avez une tante ou une sœur qui peut suppléer votre absence. Mais ici, la réalité est tout autre», a-t-elle appris à la dure.
Celle qui a été professeure de musique folklorique africaine dans son pays d’origine étudie aujourd’hui à l’Université Laurentienne. Elle s’est d’abord inscrite en études journalistiques, puis en sciences religieuses pour finalement se tourner vers la psychologie.
«J’ai vraiment eu du mal à m’adapter au début. Tout était non seulement nouveau pour moi, mais aussi compliqué», avoue-t-elle.
Finalement, elle a débuté ses cours en sciences de l’éducation en septembre, après que l’université ait reconnu son diplôme.
Par ailleurs, Gisèle reconnait avoir réussi à surmonter toutes ces difficultés grâce au soutien de la communauté ivoirienne et de certains organismes, tels que le YMCA, qui appuie les immigrants à Sudbury.

Le défi de faire connaitre son art
Mais pour l’artiste ivoirienne, l’un des défis majeurs demeure son insertion dans le milieu artistique et culturel du Grand Sudbury.
«J’ai eu à faire quelques apparitions musicales à la Laurentienne et au Collège Boréal, où je me suis fait remarquer par une structure qui m’avait programmée pour une prestation le 27 mars. Malheureusement, c’est ce jour-là que la ville du Grand Sudbury a annulé toutes les activités et évènements culturels à cause de la COVID-19», raconte-t-elle.
Cependant, elle ne démord pas : «Je suis une artiste. Je veux faire connaitre mon art et contribuer à la vivacité artistique et culturelle de la ville de Sudbury qui m’a accueillie», clame-t-elle.
Son souhait à l’heure actuelle serait de rencontrer des artistes franco-ontariens ou autochtones en vue d’une collaboration culturelle, car «j’ai la ferme conviction que le partage culturel vivifie les sociétés et les rend plus inclusives et tolérantes», confie-t-elle.
Celle qui se fait appeler Kalehaka, ce qui signifie «femme dotée de richesses matérielles et morales» en langue Néyo de la Côte d’Ivoire, excelle dans la pratique de plusieurs instruments, notamment l’arc en bouche, le hochet sonnaille, les cloches métalliques, l’Idiophone par raclement, le xylophone et d’autres.
Son projet, «c’est d’apprendre aux enfants canadiens à jouer des instruments musicaux traditionnels africains, plus précisément les percussions légères. Chaque instrument musical a une histoire que les enfants peuvent aimer», conclut-elle.