le Mercredi 27 septembre 2023
le Jeudi 19 novembre 2020 14:46 Arts et culture

Les échos de la langue et de l’histoire

La mise en lecture de la production 2020-2021 du TNO : Aéroportée
Les échos de la langue et de l’histoire
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Ce qui devait être la production du Théâtre du Nouvel-Ontario pour la saison 2020-2021 est pour l’instant limitée à une mise en lecture virtuelle. Aéroportée devait en plus être une double production anglais-français en collaboration avec Sudbury Theatre Centre (STC), puisque le texte a été écrit par le Sudburois Matthew Heiti et la «traduction libre» a été faite par Miriam Cusson.

Si le TNO utilise le terme «traduction libre», c’est parce que Matthew Heiti a laissé plus de marge de manœuvre à la traductrice pour interpréter le texte à sa façon. «C’est très cool comme processus. Comme n’importe quelle traduction, on veut vraiment rendre honneur au texte, on veut essayer d’être le plus juste possible et, ensuite, on voit des petites ouvertures de lumière, ou des choses qui nous intéressent personnellement et on peut les suivre», illustre Miriam Cusson.

Matthew Heiti renchérit : «Je respecte et admire tellement Miriam en tant que créatrice […] et parce qu’elle était si passionnée par le projet, notre arrangement était de se servir du script comme une pièce musicale et elle serait une musicienne qui l’interprète avec sa propre voix.»

La traduction par une femme d’un texte écrit par un homme permet également d’ajouter une perspective féminine plus authentique, ajoute Miriam Cusson.

Matthew Heiti a été inspiré par l’histoire de Amelia Earhart, une pilote d’avion «disparue de la surface de la Terre» lors d’un vol au-dessus de l’océan pacifique en 1937.

Ce seul nom a attiré Miriam Cusson, puisque cette héroïne et féministe des débuts de l’aviation l’intrigue depuis son enfance, lorsqu’elle a lu une édition du magazine National Geographic consacrée à Earhart.

Photo : Archives

M. Heiti ne voulait pas nécessairement écrire l’histoire de Earhart — déjà racontée sous d’autres formes —, mais plutôt explorer ce qu’on laisse derrière nous «en utilisant cette sorte d’icône ou d’héroïne comme étant une version parfaite de ça».

Il a aussi été inspiré par des gens qui affirment avoir entendu l’appel de détresse radio du Titanic 50 ou 60 ans après son naufrage. Ce genre d’écho temporel lui a permis de jouer sur l’identité du personnage principal : «On y suit le dernier vol de cette pilote qui peut être ou non Amelia Earhart», dit-il.

«Il y a quelque chose qui est à mi-chemin entre la réalité et la fiction qui m’interpelle beaucoup», explique Mme Cusson.

Appel à la collaboration

Selon Matthew Heiti, c’est la directrice artistique du TNO, Marie-Pierre Proulx, qui a lancé les discussions pour une nouvelle collaboration avec le STC. Le texte Aviatrix, que M. Heiti avait commencé à écrire il y a huit ans, est celui qui a capturé l’imagination de tout le monde.

Je suis reconnaissant pour cette chance. Ça aurait été un texte que j’aurais abandonné et qui n’aurait jamais atteint le niveau que je voulais. Elle m’a donné la chance de le réexplorer.

— Matthew Heiti
Photo : Courtoisie

Même si la pandémie a mis sur la glace une production officielle, le travail continu, dévoile Miriam Cusson. «Ce n’est pas très facile quand on se retrouve en salle de répétition, mais on continue le processus de création. Au lieu de mettre les freins, on a décidé en tant qu’équipe de continuer et s’il faut arrêter, on arrêtera.»

En attendant, la mise en lecture de la version française permettra à Mme Cusson d’à la fois «valider le texte et de faire la transition en tant que comédienne». Elle sera en compagnie de Roch Castonguay dans une mise en scène de Manon St-Jules.

Aviatrix a été lu lors du festival PlaySmelter en 2019, justement avec la participation de Miriam Cusson. Avec le format des mises en lecture du TNO et le fait que la date de présentation d’Aéroportée, le 20 novembre, tombait en plein milieu du festival de créations sudburois, la collaboration semblait évidente. Ainsi, Aéroportée sera seulement présentée en format virtuel, mais les places sont quand même limitées.