le Vendredi 22 septembre 2023
le Mardi 20 juillet 2021 13:53 Arts et culture

Pour ne pas oublier un quartier qui n’existe plus

Critique du roman Les dépossédés du Vieux-Hull
Pour ne pas oublier un quartier qui n’existe plus
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Pierre Raphaël Pelletier raconte dans Les dépossédés du Vieux-Hull (Éditions David, 2020) son enfance à Gatineau. Son Hull qui l’a vu grandir et devenir l’homme de lettres qu’il est aujourd’hui.

Il s’agit d’un récit autobiographique qui mélange l’histoire à la poésie. Bien qu’il soit question d’une autobiographie, on a une véritable histoire fictive qui se dessine sous nos yeux puisqu’on suit le parcours de deux frères, Étienne et Benoît, dont le premier est le narrateur du roman. Mais le tout est basé sur la jeunesse de l’auteur, Pierre Raphaël Pelletier.

La partie historique est somme toute la plus présente dans le récit puisqu’elle permet de situer le lecteur quant aux évènements de l’époque. On parle de Marcel Chaput qui a publié un livre en 1961 indiquant son désir de voir le Québec se séparer du reste du Canada (p. 45-47), du développement du Vieux-Hull de mai 1969 (p. 55), et bien d’autres encore. Présenter le Vieux-Hull de cette façon sert également à conserver une partie de ce quartier qui n’existe plus aujourd’hui, car il a subi de nombreuses restructurations, ce qui a changé à jamais la ville. 

De plus, le livre Les dépossédés du Vieux-Hull semble vouloir rendre hommage aux malheureux de ce quartier qui se sont vu exproprier de leur maison afin que les édifices du gouvernement fédéral puissent être construits. On sent un véritable chagrin face à ces évènements dans l’écriture : «La CCN ne fait aucunement cas des milliers de familles ouvrières qui seront de ce fait dépossédées de leur chez-eux» (p. 55). Ou encore : «On exproprie sauvagement, et avec menaces, s’il le faut. Les petits propriétaires se font offrir la somme ridicule de 7000 $ pour leur maison. Les bulldozers continuent leur œuvre de destruction. De 1969 à 1975, on rasera 1600 maisons» (p. 61). 

La plupart de ces familles ont dû vivre sans moyen et sans logis. Le quartier ouvrier de Hull de l’époque n’existe plus que grâce aux souvenirs de ses anciens résidents, dont l’auteur.

La partie poétique n’est pas aussi présente que le côté historique, mais elle apporte un magnifique lyrisme au texte. Le livre se termine par un poème hommage à la rue Principale du Vieux-Hull, ce qui clôt à merveille ce livre.

Ce récit poétique offre une vision peu connue de la ville de Gatineau grâce au regard d’un Gatinois qui a grandi lors des grands changements qu’a connus la ville voisine de la capitale du Canada. Un livre qui raconte avec tendresse et nostalgie la ville de son enfance.