le Dimanche 24 septembre 2023
le Lundi 14 mars 2022 1:47 Arts et culture

Les médias traditionnels et le milieu culturel franco-ontarien ont des liens à renouer

Le groupe franco-ontarien Moonfruits en spectacle à Sudbury. — Photo : Mélanie Tremblay
Le groupe franco-ontarien Moonfruits en spectacle à Sudbury.
Photo : Mélanie Tremblay
Ontario — Les médias traditionnels ont, selon certains, réduit les créneaux autrefois dédiés aux arts et la culture franco-ontariens. Toutefois, avec le développement de médias non traditionnels et dans un monde plus virtuel, il y aurait moyen de remédier au problème.
Les médias traditionnels et le milieu culturel franco-ontarien ont des liens à renouer
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L’Alliance culturelle de l’Ontario a ouvert la discussion entre des représentants des médias et des gens du milieu culturel lors d’une conférence sur l’état des liens entre les médias traditionnels et le milieu culturel franco-ontarien.

Daniel Aubin, poète et chroniqueur culturel à l’émission Le matin du Nord à Radio-Canada dans le Nord de l’Ontario, considère que la situation globale est bonne. «Je pense qu’on dépend énormément les uns des autres. On veut parler de contenu intéressant et célébrer ce qui se passe du côté artistique et culturel en Ontario français dans le Nord», a-t-il indiqué.

La directrice générale du Conseil des Arts de Hearst, Valérie Picard, partage cet optimisme. «Je pense qu’on est choyés à Hearst parce qu’on a les Médias de l’épinette noire qui travaillent localement et avec qui on a de beaux partenariats», affirme-t-elle.

Valérie Picard, directrice générale du Conseil des Arts de Hearst. 

Photo : Archives

Un manque de contenu original visuel

«Il y a eu un gros déclin au niveau des partenariats officiels entre les “gros” [médias] comme TFO et Radio-Canada», se désole Valérie Picard. Quand elle est arrivée au Conseil des Arts de Hearst en 2010, il existait des ententes d’échanges de visibilité écrites très détaillées. Selon elle, le partenariat était plus approfondi. Aujourd’hui, «les chroniqueurs et les artistes gardent un contact assez constant. Mais au niveau des organismes, c’est difficile», admet-elle.

Les participants ont souligné le manque de contenu visuel. «Il y a beaucoup moins de reportages en personne […], de contenu original qui met la lumière sur les communautés du Nord surtout en arts et en culture. Au niveau de la télévision, c’est très minime», remarque Valérie Picard.

«Il y a peut-être un certain manque de couverture visuelle des arts, confirme Daniel Aubin. C’est très important que les gens puissent voir à quoi ça ressemble, c’est un défi de parler d’art visuel à la radio ou de bien le décrire en texte.» 

Il souligne aussi qu’«un vidéojournaliste travaille souvent seul et a le mandat, en 15 minutes, de tourner assez de stock pour 45 secondes ou moins. C’est souvent des gens qui ne sont pas très bien renseignés par rapport au milieu et qui n’ont pas le loisir de faire beaucoup de recherche».

La comédiennne Krystel Décarie

Photo : Courtoisie

Célébrer et remettre en question le milieu culturel

La critique aurait aussi perdu du terrain en Ontario français selon le journaliste de Radio-Canada. «La revue Liaison n’est plus et il n’y a rien eu pour la remplacer […] Il faut mettre au défi le milieu culturel, pas seulement le célébrer sans le remettre en question». 

«Il faut que les personnes qui en font [de la critique] aient une éducation de base sur différentes formes d’art […]. Il y a de moins en moins de journalistes spécialisés en arts et culture [et dans ce cas], la critique ne devrait peut-être pas se faire», précise la directrice générale du Conseil des Arts de Hearst.

Krystel Descary est comédienne et artiste de théâtre. Pour elle, les distances ont aussi un rôle à jouer en Ontario français, particulièrement dans les régions. «Avec toutes les technologies, on devrait trouver un moyen de se rassembler», avance-t-elle.

Daniel Aubin explique que c’est pour cette raison qu’il «donne toujours priorité au local, à notre communauté. C’est rare, les gens qui ont la chance d’aller visiter [tout ce qui se passe dans le Nord]. Il y a des centaines de kilomètres qui nous séparent, mais même si on n’a pas les moyens, ça m’intéresse de savoir ce qui se passe à Hearst et d’entendre une voix de Hearst qui nous en parle».

Daniel Aubin est journaliste culturel à la radio de Radio-Canada dans le Nord de l’Ontario.

Photo : Bennet Malcomson

Un calendrier commun

Les distances ne sont pas seulement physiques du point de vue des panélistes. Daniel Aubin mentionne le fait que certains se plaignent du fait que les journalistes ne couvrent pas tout ce qui se fait dans le milieu culturel. Il rappelle aux artistes qu’ils peuvent approcher les journalistes directement pour faire connaitre leurs créations ou leurs projets. 

Il soulève ainsi «l’éternel problème d’un calendrier commun, partagé, un lieu où les gens peuvent retrouver l’intégrale des activités culturelles en Ontario français».

Il explique que les journalistes ne peuvent pas «voir toutes les publications qui passent sur vos comptes Facebook. On suit tellement de différentes choses et les algorithmes ne garantissent pas que le message va trouver son public».

Krystel Descary pour sa part est abonnée aux infolettres des différents organismes pour suivre ce qui se passe dans le milieu culturel. 

Cette idée de calendrier pourrait notamment résoudre des problèmes auxquels font face les organismes comme le Conseil des Arts de Hearst. «On met plus d’efforts à publiciser nos évènements quand il y a une billetterie, c’est le seul revenu auto généré, explique Valérie Picard. Une publication qu’on va payer dans les journaux pour présenter un projet, avec notre budget, [ce n’est pas possible].»

L’émergence de médias non traditionnels 

«Nos publications Facebook ont une plus grande réponse quand l’artiste parle directement à la communauté de Hearst, tandis que les vidéos génériques accrochent moins», affirme encore Valérie Picard. Elle explique que les gens veulent interagir avec les artistes, ce que n’offrent pas les médias traditionnels.

Selon elle, le but serait de «regarder comment d’autres mécanismes pourraient nous aider avec la communication, hors journal ou radio. Ou [il faudrait trouver] comment intégrer ces derniers dans les nouvelles façons de communiquer».