Le Fransaskois a enfin réalisé ce que ses admirateurs demandaient : un album complet de 10 titres. Et il a livré la marchandise. Étienne Fletcher a toujours été doué pour faire de très bonnes chansons et son groupe l’est tout autant.
Dans ses chansons comme French Punk (Face A) et Parasol (Side A EP), Étienne Fletcher offre aux admirateurs un produit de qualité qui peut plaire à plusieurs publics : les musiciens, les danseurs, ceux qui chantent dans la douche, etc. Bien que l’artiste ait toujours fourni un bon produit qui a surfé sur la vague du rock, Entre-deux est un album qui va plus loin que les deux précédents en termes de production, de composition et d’honnêteté artistique.
Il existe une distinction claire entre les EP et les Entre-deux. Ce dernier montre un auteur-compositeur mature qui n’a pas peur de mettre sa voix au premier plan. Et n’oublions pas le son des tambours… La caisse claire (en anglais, un snare) a un son incroyable. Et encore une fois, tout revient à son grand talent de choisir de bons compagnons de groupe. Étienne Fletcher est aux claviers, à la voix, à la basse et la guitare. Sean McCannel est à la guitare, à la voix et à la basse. Gaelan Malloy est à la batterie et Chris Dimas joue de la batterie, des percussions, du clavier et de la guitare. Finalement, Elisabeth Giroux joue du violoncelle.
Cet album montre certainement les meilleures compositions de M. Fletcher. L’album a ses hauts et ses bas dynamiques et possède de nombreuses qualités qui manquaient sur ses albums précédents. Il montre qu’il a reconnu ce qui a marché et ce qui n’a pas marché dans ses précédents enregistrements et a décidé de pousser ce dans quoi il excelle.
Bien que les dix chansons soient toutes très bonnes, il y en a trois qui sortent du lot : Cher ami, L’intrus et Jeu de mémoire.
La première piste, Cher ami, est un jeu astucieux sur le mode dorien — une gamme symétrique de tons et de demi-tons —, qui est vraiment bien développé. Vers la fin, il y a un très bon jam du groupe qui continue à chanter : «Que les jours sont longs, je sais que tu t’ennuies». Ce qui donne une fin en apothéose.
La deuxième piste, L’intrus, rappelle à l’auditeur que cet album est rempli de très bons jeux de guitare. De grandes mélodies très rythmées sont échangées et deviennent finalement la base de la chanson, faisant des liens importants avec le violoncelle.
Jeu de mémoire est la chanson qui détient le meilleur concept lyrique. Sans doute la meilleure histoire qui se développe bien avec le groupe. «Rappelle-moi du nom de nos enfants. Rappelle-moi que la vie est belle. Ton nom m’échappe, mais je sais que je t’aime». À la fin, on chante ensemble «que ça revienne, que ça revienne comme avant». Une histoire captivante de bout en bout, interprétée à la perfection par le groupe.
En résumé, Entre-deux d’Étienne Fletcher se recommande sans hésitation. C’est un excellent album qui rappelle que le Canada est plein d’artistes francophones originaux qui ont beaucoup à offrir.