le Mercredi 27 septembre 2023
le Mardi 19 juillet 2022 10:17 Arts et culture

Ensemble, mais séparés

Alex Lutz, Françoise Lebrun et Dario Argento dans Vortex. — Photo : Capture d’écran
Alex Lutz, Françoise Lebrun et Dario Argento dans Vortex.
Photo : Capture d’écran
critique — «Vortex» est un film sur la vieillesse, sur la séparation forcée qui survient en raison de la maladie. Présenté à la fois de façon originale, mais débordant de réalisme, il nous force à réfléchir sur notre propre avenir.
Ensemble, mais séparés
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Un couple vieillissant, nommé seulement comme Elle et Lui, vit toujours dans sa maison. Mais leur santé les lâche. Elle est atteinte d’une maladie neurodégénérative, il a des problèmes de cœur. Leur fils tente de les aider autant qu’il le peut, mais la vie du couple est de plus en plus difficile et dangereuse.

On suit le couple dans sa vie au quotidien, mais le réalisateur, Gaspar Noé, nous les présente comme si leurs vies étaient séparées. Au début du film, l’image est divisée en deux parties. On y voit parfois la même scène dans un angle différent, mais, plus souvent, on suit les deux membres du couple qui sont dans des pièces différentes ou qui interagissent avec d’autres personnes. 

L’allégorie du sujet n’est pas très éloignée de la séparation de l’écran. Le couple est clairement séparé par la maladie. Elle se promène parfois dans l’appartement sans repère pendant que Lui travaille à l’écriture d’un livre. Un livre sur le cinéma et les rêves, un peu pour nous rappeler que ce que le film que l’on regarde est à la fois réel et imaginaire.

Même s’il y a souvent deux scènes simultanément à l’écran, elles sont loin d’être difficiles à suivre. La superposition est bien réalisée. Quand un des personnages fait quelque chose d’important à gauche, celui de droite fait une tâche moindre, ou se promène dans l’appartement. Le concept est intéressant et permet d’explorer plus d’éléments rapidement, il contrebalance aussi la lenteur du film. Mais il y a un manque de constance dans qui et quoi est à gauche ou à droite.

Les premiers moments sont un peu lents et ennuyeux, mais on entre rapidement dans le vif du sujet avec la première apparition du fils, Stéphane. L’histoire est déchirante et plusieurs scènes aussi. Une ancienne psychologue qui perd la mémoire et qui ne reconnait parfois même plus son mari. Un homme perdu qui ne comprend pas la maladie de sa femme, mais qui fait très peu pour l’aider. Ils sont un peu coincés dans leurs anciennes dynamiques.

Tous les comédiens sont excellents, mais Françoise Lebrun, dans le rôle de l’épouse, mérite une mention spéciale. On se demande parfois si elle joue ou si la comédienne souffre vraiment d’Alzheimer tellement son jeu est naturel. Les dialogues entre le couple et leur fils sont tout autant criants de vérité; les comédiens semblent improviser tellement la construction de leurs phrases est naturelle, remplie d’hésitations et de changement de direction, de phrases incomplètes. On a vraiment l’impression d’assister à une discussion de famille, d’être dans leur intimité, ce qui aide à transmettre l’émotion.

Vortex pose des questions sur les derniers jours de notre vie, ou de la vie de nos parents, sans donner de réponses. Il nous incite plutôt à réfléchir sur cette fragilité qui nous attend. Le film sera présenté au Sudbury Indie Cinema Co-op les 21, 23, 28, 30 juillet et le 2 aout.