Est-ce qu’on «place» une personne, ou est-ce que ce verbe n’est pas plutôt utilisé pour les objets? Pourtant, on dit bien «j’ai placé ma mère dans une maison de retraite». L’idée n’est pourtant pas de se débarrasser d’eux, plutôt qu’on en prenne soin lorsque ça dépasse nos compétences.
L’histoire au centre du documentaire J’ai placé ma mère n’est pas toujours présentée de façon cinématographique, mais elle reste marquante. En fait, les angles étranges et les longs plans d’édifices donnent l’impression que le réalisateur était parfois préoccupé par autre chose — avec raison.
Dans ce documentaire, le réalisateur Denys Desjardins présente l’histoire de sa mère. Une femme que lui et sa sœur aiment profondément. Madeleine Ducharme, 88 ans, n’est cependant plus en santé. Elle est affligée par plusieurs maladies, dont l’Alzheimer. Elle devient dangereuse pour les autres résidents de sa résidence et ils doivent trouver un nouvel endroit plus adapté pour leur mère. Ils y arrivent, avec difficulté, et la covid frappe…
Denys Desjardins fait très bien deux choses dans le film : nous faire aimer sa charmante mère et communiquer le désespoir de lui et sa sœur alors qu’ils naviguent les dédales de la bureaucratie et le début du confinement de la covid. C’est un film très intime, qui nous fait entrer dans leur bulle familiale.
Vers la fin du film, on se sent revenu au confinement. Seuls, face à des dilemmes parfois impossibles. Denys se bat pour voir sa mère de plus en plus malade.
Les documentaires ne sont pas toujours le médium le plus efficace pour communiquer les émotions. J’ai placé ma mère y arrive parfois de belle façon avec le choix des images. Mais il parvient surtout à démontrer le manque d’humanité des systèmes mis en place pour s’occuper des personnes âgées, de mésadaptement de notre société à cette situation vieille comme l’humanité et du manque de préparation à une pandémie.
Le film se déroule au Québec, mais on sait très bien que la situation n’était pas plus rose en Ontario. Alors les mêmes leçons s’appliquent.
Le film a remporté le prix Meilleur documentaire canadien à la dernière édition du Festival international HotDocs de Toronto au début mai.
J’ai placé ma mère sera présenté une seule fois à Sudbury, au Indie Cinema Coop le 14 juin à 18 h 30. La séance sera suivie d’une cinérencontre virtuelle avec Denys Desjardins, animée par Andréanne Germain de Radio-Canada.
Un lien de visionnement pour le film a été fourni au Voyageur par Les Films du 3 mars.