le Mercredi 27 septembre 2023
le Vendredi 16 juin 2023 9:26 Arts et culture

Patrik Guillotte sur scène à la St-Jean : retour aux sources

Patrik Guillotte — Photo : Mikaël Dion
Patrik Guillotte
Photo : Mikaël Dion
Kapuskasing — Le 16 juin, Patrik Guillotte présentera un numéro lors du gala d’humour du Festival de la St-Jean. L’humoriste originaire de Kapuskasing a ainsi le mandat de faire rire une foule qu’il connait bien, dans un festival qui a été déterminant dans son parcours. À quelques semaines du jour J, il s’est confié sur l’expérience qui l’attend.
Patrik Guillotte sur scène à la St-Jean : retour aux sources
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Le Voyageur : Qui t’a donné le gout de te lancer en humour?

Patrik Guillotte : Ma mère avait ramassé une cassette d’un spectacle d’Yvon Deschamps chez mes grands-parents à Harty. Quand je l’ai entendue, ça a été comme un coup de massue. Je l’ai écouté en boucle. Après, à la bibliothèque municipale à Kap, j’ai trouvé le recueil de ses textes. C’est facilement le livre que j’ai sorti le plus souvent d’une bibliothèque.

Yvon Deschamps demeure à ce jour une influence importante?

C’est un style qui me parle. Les monologues qui sont intéressants et vraiment drôles, je trouve ça plus le fun à écouter que les one-liner. La technique narrative vient me chercher beaucoup plus. J’aime embarquer dans l’univers d’un humoriste. Je tente de graviter autour de ça quand j’écris.

Des blagues de «p’tit caca» que tu contais à tes cousins à aujourd’hui, comment ton humour a évolué?

Pas tant que ça! Je ne me considère pas comme un humoriste vulgaire, mais j’inspire beaucoup de ce que je vis pour écrire. La plupart de mes numéros commencent avec une anecdote que j’ai vécue et que je vais exagérer, pimenter. Mais les anecdotes les plus drôles, dans la vie, ce sont les moments les plus gênants et ça tourne souvent autour du caca, du vomi, de l’urine. J’ai tendance à parler de caca un peu sur scène, malheureusement.

Vas-tu en parler à la St-Jean?

Je ne pense pas que je vais parler de caca sur scène à la St-Jean, non! Plus ça approche, plus ça me stresse. C’est de loin le plus gros spectacle que je vais avoir fait. J’ai fait des spectacles avec des humoristes établis dans des salles, dans des bars, mais jamais dans un chapiteau rempli de monde que je connais.

Patrik Guillotte 

Photo : Josianne Léonard

C’est intimidant de préparer un numéro pour la St-Jean de Kap?

C’est là que j’ai vu les premiers spectacles d’envergure dans ma vie. Ça a mené un peu à mon éveil culturel. Là, je vais redonner ça à la communauté. C’est beaucoup de pression. En plus, non seulement je fais le show d’humour le premier soir, mais je vais animer le show le deuxième soir. Je vais être debout sur scène, devant tout le monde que je connais, et je vais dire : «Mesdames et Messieurs, voici Kain!» Ça me semble absurde!

Devant des tantes, des cousins, des amis…

La seule autre fois que j’ai été sur scène à Kapuskasing, c’est pour la première édition du Festibière. Pour le fun, j’ai demandé : «qui, ici, m’a déjà gardé?» C’était peut-être le quart du public. C’est quand même unique comme expérience d’humoriste. J’ai vraiment hâte de vivre ça. Mais veut, veut pas, ça va être plus difficile. Les étrangers, ça va rire à n’importe quoi, ou presque. À Kap, le monde me connait ou m’a connu enfant, il ne connait pas nécessairement le gars de 35 ans. Imagine : la moitié de la foule a déjà changé ma couche!

Est-ce que l’exercice d’écriture est différent que lorsque tu écris un numéro pour un bar, à Gatineau, où tu te présentes souvent? 

Il faut qu’on s’adapte au public, sinon c’est un manque de respect. Souvent, de jeunes humoristes viennent à Gatineau et font des références à Montréal. Tu vois que le public comprend, mais c’est un peu insultant. On n’en a pas de métro, désolé. Les gens à Gatineau n’ont pas quatre colocs. Ça ne nous rejoint pas.

Pour la St-Jean, je vais faire des trucs qui fonctionnent, mais je vais les adapter à ma ville natale. C’est un bon défi. Je vais pouvoir utiliser Kapuskasing à mon avantage, pour une fois! [rires]

Pendant que Le Voyageur préparait cette entrevue, des gens de Kap ont demandé que tu partages des souvenirs d’école. Si on remonte à l’école secondaire Cité des Jeunes, on pense impro? 

Cité, c’est l’impro, et l’impro, c’est la base [de mon expérience]. On savait un peu c’était quoi à cause de la télé. On n’avait pas Télé-Québec à Kap, donc je n’ai pas connu la [Ligue nationale d’improvisation] à la télé, mais on en voyait des fois à TQS et il y avait Who’s Line en anglais. Je suis arrivé à Cité et mon cousin Gilles m’a dit : «Je pense que tu aimerais ça, l’impro». Je suis allé à une pratique et on a ri pendant deux heures sans arrêt. Je suis devenu accro. 

Faire rire les gens, c’est une drogue. On fait tout ce qu’on peut pour en retrouver : de l’impro, du standup, des chroniques à la radio, ou en disant des niaiseries dans une rencontre de famille. Tout découle d’un certain besoin de faire rire. 

Une de tes tantes se demande si tu trouves encore des petits miroirs dans les Kinder Surprise.

Haha! Dans la famille, on a une tradition : les brunches de Pâques finissent avec des Kinder Surprise. J’ai eu les jouets les plus plates (les casse-têtes, les miroirs, les petites figurines de lapin qui font du ski de fond) peut-être huit fois de suite. Ces jouets-là, c’est toujours de la cochonnerie, mais on veut les assembler. J’ai peut-être reçu les petits miroirs trois brunches de Pâques de suite. Les adultes riaient de moi. Ça me hante à ce jour. 

Ces adultes seront peut-être présents le 16 juin. Tu veux encore les voir rire?

S’ils peuvent me lancer des Kinder Surprise au lieu de roses, ça me ferait beaucoup rire. 

Patrik Guillotte présentera un numéro d’une dizaine de minutes à la St-Jean de Kapuskasing le 16 juin. Il partagera la scène avec Daniel Grenier, Stéphane Fallu, Pierre Hébert et Jean-François Mercier. Il estime que son style se trouve à mi-chemin entre ceux de Pierre Hébert et de Jean-François Mercier. 

Les propos ont été remaniés pour des raisons de fluidité de lecture.