Voici la trame centrale livrée par l’auteur : «Tristan, un jeune queer débarque au Zigs pour la première fois. C’est un peu sur sa bucket list avant de déménager à Toronto, où il espère pouvoir trouver sa communauté et son monde. Mais les employés du bar tentent de le convaincre que c’est possible de vivre en communauté et ouvertement queer ici, à Sudbury.»

Alex Tétreault
Ce n’est qu’une partie de ce qui est raconté. On découvre le passé des employés du bar et bien d’autres choses à travers les histoires plus incroyables les unes que les autres et, souvent, drôles.
Au moment de commencer à écrire, M. Tétrault avait «le syndrome du premier texte, où tu veux parler de tout, mais évidemment ce n’est pas possible, alors j’ai dû faire des choix». Il a commencé à écrire différentes saynètes, celles qui sont maintenant racontées par les employés. Il a ensuite trouvé une trame narrative pour les rassembler.
«Après quelques tentatives, je suis tombé sur le thème de l’exode. Qui est typique autant chez les jeunes queers que chez les jeunes Franco-Ontariens. C’est cet enjeu-là que j’ai mis au cœur du show», dit-il.
Situer l’histoire dans le Grand Sudbury a permis deux choses : de la camper dans l’univers (parfois imaginaire) de l’auteur et de «faire en sorte que l’histoire soit plus accessible». Ainsi, les thèmes et les références dans la pièce ne sont pas tous à propos de la communauté queer, il y en a aussi beaucoup sur la communauté francophone locale… comme les pommes de terre de Chelmsford.
«En passant par les référents culturels franco-ontariens, c’est comme une porte d’entrée vers l’univers queer. Je vois énormément de similarité entre la communauté franco-ontarienne et la communauté queer. Quand on habite en milieu minoritaire, peu importe le milieu, il y a souvent des parallèles à faire.»
Malgré cet accompagnement, le spectacle et le lieu où il est présenté, tout en étant dans un lieu sain, accueillant et sécuritaire pour tout le monde, pourraient faire sortir certains spectateurs de leur zone de confort. En d’autres mots, c’est du théâtre.

Michel Gervais
La bonne distribution
Un des comédiens, Michel Gervais, est surtout connu pour son personnage de drag queen Jenna Seppa. La scène ne lui est donc pas inconnue, mais ce sera sa première pièce de théâtre depuis le secondaire. «Je suis le p’tit nouveau, mais je ne pourrais pas demander un meilleur groupe», dit Michel Gervais.
Son personnage principal est Austin, «le petit intello, ex-party monster qui travaille dans le vestiaire», un personnage avec qui Michel Gervais s’identifie un peu. Mais ce n’est pas le seul. En fait, pas mal toute la distribution a plus d’un rôle.
Michel Gervais est heureux de participer à un projet qui jongle avec des sujets drôles et d’autres plus sérieux. «Ça représente certains aspects de la réalité de l’expérience queer dans le Nord de l’Ontario. Ça ’a du cœur, mais c’est rempli de comédie et de niaiseries, je vais dire. C’est une pièce pour ceux qui veulent en apprendre plus ou qui veulent une perspective nord-ontarienne, franco-ontarienne du monde queer.»

ER Simbagoye
ER Simbagoye, qui interprète la Sainte-Poésie, est bien d’accord. «Ça me parle parce que c’est le Zigs et j’y vais souvent. C’est sûr qu’on embellit et que c’est une fiction, mais il y a des choses qui me parlent. Avoir une vraie partie de moi qui prend sa place sur scène, c’est la première fois que ça m’arrive et c’est l’fun.»
Cet artiste de Sudbury a participé à quelques productions du Sudbury Theatre Center, mais aussi des mises en lectures de textes de Michel Ouellette et Chloé Thériault.
Son personnage dans Nickel City fifs est cependant hors norme, car il s’agit d’une entité presque omnisciente qui assure la narration, ce qui donne beaucoup de liberté à l’interprète. «C’est sur que le texte invite d’être queer, stupid and fun. Je n’ai pas l’habitude d’avoir cette liberté-là dans les espaces.»
Ceux qui accompagnent Michel et ER sur scène sont Simon-Rys Landry, Ryan Demers-Lafrenière, Natalie Lalonde, qui ont tous trois participé aux mises en lectures.
Au moment de publier ce texte en ligne, tous les billets pour Nickel City fifs ont été vendus. Vous pouvez contacter le TNO pour être ajouté à la liste d’attente : https://letno.ca/.
L’article contenait plus d’information sur l’effet des mises en lecture dans Le Voyageur du 14 juin. Pour ne rien manquer, abonnez-vous.