Rien ne prédestinait Annie Joyal à une carrière au sein du Conseil de la coopération de l’Ontario (CCO). Mais après 18 ans passés dans le privé, elle a décidé d’opter pour le changement en acceptant de diriger la Coopérative jeunesse de services, parrainée par l’ACFO-Témiskaming. Puis, en aout 2018, elle a fait le saut au CCO, où elle sent aujourd’hui qu’elle «fait une différence dans [sa] communauté».
À titre d’agente principale à la branche Timmins/Temiskaming Shores du CCO, Annie Joyal mène des dossiers aussi variés que passionnants, de Hearst à New Liskeard.
Par exemple, elle collabore présentement avec des parents de Kapuskasing qui recherchent un lieu de vie approprié pour leurs enfants dans la vingtaine, qui sont autistes ou présentent un handicap mental ou physique. À l’heure actuelle, ils ne peuvent avoir une place dans un centre que si ce dernier est loin de chez leurs parents.
Serait-il viable d’ouvrir une résidence de proximité pour que l’enfant demeure dans le Nord, ou à tout le moins d’avoir un programme de jour? C’est là qu’Annie intervient en faisant une étude de marché et en se penchant sur tous les autres aspects du projet.
Du pain sur la planche
Un autre projet se fait en collaboration avec le Centre Partenaires pour l’emploi de Hearst, qui veut savoir s’il serait approprié d’augmenter ses services. Pour le moment, le Centre offre un service de livraison à domicile et de la formation en entreprise pour la jeunesse et tient une boutique de vêtements usagés. Il parraine également un programme de réinsertion en milieu de travail pour jeunes. Malheureusement, tout est arrêté à cause de la crise sanitaire.
L’Épicerie Coop de Moonbeam a également fait appel aux services d’Annie. «Le conseil d’administration de l’épicerie se demande s’il doit réparer l’édifice qui se fait vieux et qui est devenu trop petit. Faut-il reconstruire à neuf, y aller seul ou partager le local avec un autre organisme? Le financement est-il là? Est-ce qu’il sera possible de mobiliser la communauté? On n’en est qu’au début de ce projet», ajoute Annie.
Enfin, l’agente est en train de finaliser le plan stratégique du Centre culturel ARTEM à Temiskaming Shores.
Des expertises diversifiées
«Au Conseil de la coopération de l’Ontario, on est une équipe de 17 à 18 employés. Chacun et chacune a ses expertises. C’est comme ça que j’ai travaillé à Oasis Centre des femmes à Toronto, auprès de femmes victimes d’abus», explique Mme Joyal. Son mandat était d’élaborer un plan de succession pour la direction générale et le conseil d’administration. «Partout, il y a des problèmes de relève!»
Grâce à la technologie, Annie peut effectuer une grande partie de son travail à partir de son bureau à New Liskeard. Elle doit tout de même se rendre à Hearst deux à trois fois par année. Elle en profite pour coordonner ses rencontres communautaires en route, car elle préconise les rencontres en personne. «Je vais me déplacer s’il y a une belle occasion, même si j’étais là la semaine dernière», assure-t-elle.
Elle effectue aussi des présentations pour faire connaitre les occasions de financement ou encore tenter de favoriser les partenariats entre divers organismes.
Des défis substantiels
Parmi les défis, il y a les distances. «Hearst, c’est quand même cinq heures et demie! Puis il y a un hiver où je me rendais dans le Nord pour annoncer une subvention et le chemin a été fermé!». se souvient-elle.
L’autre défi est de garder les gens motivés pour garder le projet vivant. «Ça peut prendre un an avant de voir des résultats. Il faut prendre le temps au début de bien faire les études de marché, de consulter la population et d’engager la communauté. Un seul bénévole ou un petit groupe de gens, ce n’est pas nécessairement une communauté.»
«Ce qui me tient à cœur, c’est de mobiliser des gens pour qu’ils ramènent quelque chose de bien dans la communauté. Il faut penser à ramener les gens dans le Nord, c’est une question de la pérennité de nos communautés. J’ai deux filles et je veux rendre nos communautés belles pour qu’elles reviennent après leurs études. C’est pour cela que je travaille beaucoup en entrepreneuriat avec les jeunes», conclut Annie Joyal.